Qu’un sang impur…, d’Abdel Raouf Dafri

Qu’un sang impur… d’Abdel Raouf Dafri : un film sur la guerre rude (un film de guerre doux, ça existe ?) qui nous expédie dans les arides Aurès, alors que le conflit s’achève et que le FLN est en passe de gagner la partie.

 

533x800_sang_impur1960, le colonel Paul Andreas Breitner (Johann Heldenberg) est un légionnaire français, d’origine étrangère. Il a sévi en Indochine sous les ordres du colonel Delignières (Olivier Gourmet). Il en est revenu avec des séquelles post-traumatiques et la nationalité française, acquise au mérite. Soua Ly-Yang, sa compagne d’origine hmong (Linh-Dan Pham), l’épaule fidèlement. Soua et Paul se sont rencontrés au Vietnam. Un soldat d’origine africaine, le sergent-chef Senghor (Steve Tientcheu) dont le père fut tirailleur sénégalais, une jeune Algérienne indépendantiste (Lyna Khoudri) dont le père, démineur, perdit une guibole contre les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale, et un jeune engagé volontaire teigneux (Pierre Lottin) qui a signé pour zigouiller du bicot (et dont le père fut médaillé, à titre posthume) vont former une escouade. Leur mission : retrouver les traces d’un officier qui serait retenu par les fellaghas dans les montagnes.

Scènes de tortures, exécutions sommaires, humiliations, convention de Genève sur le sort des prisonniers de guerre piétinée, Qu’un sang impur… d’Abdel Raouf Dafri opte pour montrer à l’écran l’horreur de cette guerre, l’inhumanité des militaires (quel que soit leur camp) voués à mettre leur cœur de côté, la cruauté des hommes embarqués dans ce conflit entre la métropole française et une de ses colonies, l’Algérie, déterminée à s’autodéterminer et à en finir avec l’impérialisme.

Le réalisateur, pour aller au-delà du simple film d’action, prend néanmoins soin de souligner la complexité des liens qui unissent hommes et femmes à leurs patries ainsi que les liens qui unissent les peuples entre eux – sans oublier les liens, bien serrés, qui entravent les prisonniers que l’un et l’autre camps font. Peut-on, les armes à la main, lutter avec dignité pour une cause qu’on croit juste ? À qui doit-on la loyauté ? Où mène l’obéissance, qu’elle soit contrainte, aveugle, tragique ou réfléchie ? La trahison fait-elle nécessairement partie du jeu ? Un champ de batailles peut-il être autre chose qu’une boucherie sans nom ? Qu’un sang impur… est ainsi l’occasion de se pencher sur ces pages assez peu glorieuses écrites par l’État français et qui pour, le peuple algérien, ont débouché sur d’autres chapitres très sombres.


Qu’un sang impur… – Film de guerre français d’Abdel Raouf Dafri – Avec Johann Heldenberg, Linh-Dan Pham, Lyna Khoudri, Pierre Lottin, Salim Kechiouche, Steve Tientcheu, Annie Mercier, Olivier Gourmet… – Durée : 1h49 – Sortie le 22 janvier 2020 – Interdit aux moins de 12 ans.

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