Et ainsi de suite, de Jean-Luc Mélenchon

Et ainsi de suite – Un procès politique en France : un essai de Jean-Luc Mélenchon paru chez Plon pour rappeler les démêlés de La France Insoumise (LFI) avec la justice et mettre en lumière les grosses ficelles utilisées.

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« Comment écouter leur prêchi-prêcha sans leur rire au nez [à Benjamin Grivaux ou à Gabriel Attal de Couriss] ? Tous égaux devant les procédures ? Sauf Alexandre Benalla à qui on a demandé gentiment à quelle heure on pouvait venir le perquisitionner. Et qui a eu le temps de faire faire le ménage avant d’ouvrir la porte. Sauf encore pour le secrétaire général et le directeur de cabinet de l’Élysée [Alexis Kohler et Patrice Strzoda]. Ils mentent devant la commission d’enquête sénatoriale, ils font l’objet d’une procédure judiciaire, et elle est bien vite interrompue sans qu’on ait fouillé un téléphone ni un tiroir. Et ainsi de suite. » (page 73)

Et ainsi de suite, donc, intervient suite au ramdam politico-judiciaro-médiatique des perquisitions orchestrées, le 16 octobre 2018, au siège et aux domiciles des militants de LFI. J.-L. Mélenchon dénonce avec force arguments et exemples les méthodes employées, en période électorale, pour nuire au mouvement d’opposition populaire qu’il incarne. Des moyens formidables sont déployés en l’occasion – rappelant bien sûr les affaires de Tarnac ou de Bure, voire de Notre-Dame-des-Landes, lors desquelles l’État montre les crocs, sort l’artillerie lourde, multiplie les écoutes, les gardes-à-vue, les intimidations, les procédures abusives et les vexations pour venir à bout d’irréductibles incorrigibles désignés par la presse dite « de préfecture » comme des ennemis de l’intérieur.

C’est néanmoins avec une certaine sérénité (s’y mêlent bien sûr un peu de rage et de dépit) que J.-L. Mélenchon, depuis l’Amérique du Sud où il séjourne, brosse les contours de cette affaire (« lawfare ») digne des procès intentés à Lula, au Brésil, via « le soi-disant juge indépendant Moro (…) de mèche avec d’autres juges pour organiser sa condamnation sans preuve. Sa récompense a été immédiate. Il a été nommé ministre de la Justice de Jair Bolsonaro, le président d’extrême-droite. » (page 146)

Convoquant les souvenirs d’Adama Traoré ou de Steve Maia Caniço, les tribuns romains, Léon Trotsky (rien à voir avec le groupe de musique de David Snug) dont il rencontre le petit-fils à Coyoacán au Mexique cet été-là de 2019, Louise Michel, les GJ, Juan Branco (qui fut son avocat) ou l’États-unien Bernie Sanders, J.-L. Mélenchon raconte son désarroi face à la France de Castaner et Belloubet, en état d’urgence, suintante d’arbitraire et d’amateurisme souvent grotesque, où « 95 % des mesures de privation de liberté et de droits prévues pour les terroristes sont appliquées à des militants politiques ou syndicaux » (p. 153).

« L’instrumentalisation politique de la police et de la justice est sans aucun doute un énorme atout pour le pouvoir. Mais c’est au prix d’un discrédit élargi pour ses agents. Ce n’est pas une société vraiment civilisée que celle où s’effacent dans la haine réciproque les frontières du respect mutuel entre les agents institutionnels et le commun des citoyens. » (p. 140-141)

 

« Le macronisme est une fin d’époque. L’oligarchie, le gouvernement des riches, n’a jamais été un régime stable. Celui-là l’est moins que d’autres. Il ne résistera pas aux surgissements des milliers de gens exclus des services dont leur vie dépend. Il ne survivra pas davantage aux tempêtes que vont déchaîner le changement climatique et la sixième extinction des espèces. Car c’est le régime de la bonne gouvernance des intérêts privés. Et notre époque est celle de la mobilisation pour l’intérêt général humain. L’adaptation de la civilisation humaine aux nouvelles conditions de son environnement naturel n’est compatible ni avec le règne de la concurrence libre et non faussée, ni avec celui de la main invisible du marché, ces deux piliers branlants de l’ordre social établi et du désordre écologique qu’il engendre. L’ère du peuple est commencée (…) porteuse de ces révolutions citoyennes qui ont déjà éclaté d’un continent à l’autre, avançant, reculant, mais indomptables. » (p. 171-172)

Et ainsi de suite livre donc quelques clés pour les combats sociaux de demain, à mener dès aujourd’hui.

Et ainsi de suite – Un procès politique en France – Essai de Jean-Luc Mélenchon – Plon, Paris, septembre 2019 – 192 pages – 10 €.

 

 

 

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