Vendeur, un drame français réussi de Sylvain Desclous, autour du petit théâtre de la vente, sur le prix des cuisines et celui de la famille qui, justement, n’en a pas, de prix.
Gérald (Pio Marmai) est dans la mouise. Il a besoin de caillasse pour remonter une affaire dans la gastronomie. Pour ce faire, il renoue avec son père (Gilbert Melki), vendeur de cuisine haut de gamme. Serge roule dans une belle BM, modèle 623 des années 80. Il porte de beaux costumes, bien coupés. Il incarne une certaine forme de réussite, telle qu’on la concevait durant les Trente Glorieuses ou pendant les années Tapie. En contrepartie, sa vie affective est misérable. Et la coke, les clopes et l’alcool qu’il s’enfile minent peu à peu sa santé.
Sylvain Desclous a voulu faire de ce vendeur flamboyant côté face, pathétique côté pile, un personnage de cinéma. Il y est parvenu. Ce père défaillant, qui a consacré sa vie à son boulot mais qui prend sous son aile un fils qui en a besoin à ce moment-là, est vraiment touchant. Les personnages secondaires sont eux aussi intéressants : Chloé / Sara Giraudeau (étudiante mutine qui se prostitue) ; Daniel / Pascal Elso (le boss qui met les affaires au-dessus des sentiments) ; Karole, la compagne de Gérald (Clémentine Poidatz) qui porta le couple à bout de bras et qui travaille désormais de nuit dans une discothèque et qu’on devine éreintée… Tout ça forme une microcosme plutôt glauque, brisé de partout, mais d’où, heureusement, toute forme d’amour n’a pas complètement disparu.
La petite discussion, qui suivit la projection en avant-première ce 14 avril 2016 au Gaumont, en compagnie du réalisateur, de Clémentine Poidatz et de Gilbert Melki n’aura pas manqué de sel. Notamment du fait de la présence en nombre de cuisinistes de la région parmi le public. Éminents connaisseurs du milieu décrit dans Vendeur, ils n’auront pas manqué de faire remarquer que leur profession ne compte pas que des loosers magnifiques de la trempe de ce Serge. Les éventuelles étudiantes qui vendent leurs charmes pour joindre les deux bouts présentes dans la salle ne se sont quant à elles pas signalées pour apporter leur grain de sel à l’eau du moulin.