La porte du paradis : le chef d’oeuvre maudit du cinéma américain

Parler de La porte du paradis ( Heaven’s gate ), c’est évoquer une fresque intimiste d’à peu près 3h40 réalisée en 1980 comme on en fait plus aujourd’hui, c’est toucher à un chef d’œuvre maudit et sulfureux du septième art qui ressort ces jours ci en version intégrale et restaurée, c’est se rappeler le grand cinéaste américain que fut Michael Cimino.

heavensgateLa porte du paradis est un anti-western sanglant qui a donné à voir à l’époque une vision peu glorieuse de l’ Amérique des pionniers. Le film s’inspire d’un fait historique, la guerre du comté de Johnson où fut perpétré le massacre d’une centaine d’immigrants d’Europe centrale par de gros propriétaires terriens.  On retrouve dans ce film deux anciens élèves d’Harvard dans le Wyoming dans l’Ouest américain fin du 19ème siècle. Billy Irvine interprété par John Hurt et Averill joué par Kris Kristofferson. Le premier fait partie d’une association de gros éleveurs en lutte contre les petits migrants venus d’Europe centrale, et le second est devenu shérif fédéral qui lui a pris partie contre l’intervention de l’association sur son district. Troisième couteau au générique de ce film, c’est Nat Campion campé par Christopher Walken qui tient le rôle d’un tueur à gage à la solde de l’association des éleveurs. Enfin, nous retrouvons au générique notre Isabelle Huppert nationale plus mutine que jamais alors à ses débuts d’actrice  dans le rôle d’une prostituée française dont sont épris les héros et qui est l’occasion pour Cimino de filmer des scènes plus intimes et de donner un ton romanesque au film. Dire que ce film est un chef d’œuvre, il ne plane pas vraiment de doute, surtout en raison de l’ampleur et la majesté de la mise en scène. Cimino filme les paysages de l’ouest américain comme personne mais également dès le début du film dans le prologue qui se déroule à Harvard, il filme une scène de bal digne d’une autre grande fresque historique Le guépard de Visconti. Cimino avait réalisé un plus tôt le fameux Voyage au bout de l’enfer sur la guerre du Vietnam couronné de succès à Hollywood. Mais ici c’est une toute autre histoire, de par son sujet sulfureux et sa charge virulente contre le mythe de l’Amérique des pionniers , Cimino dérange.

« Ils sont trop nombreux (les immigrés), vous ne pourrez pas tous les tuer comme les Indiens » – Réplique de John Hurt

Le film sera un bide commercial à sa sortie et fortement réprouvé par la critique américaine. Mais ce chef d’œuvre reste maudit parce qu’il est reste le plus gros échec économique de l’histoire du cinéma. Avec un budget mirobolant de près de 40 millions de dollars, il a ruiné la société de production United Artist et mis Cimino au rang des cinéastes infréquentables un peu comme Leos Carax, à un autre degré, avec la faillite du film Les amant du pont neuf. La porte du paradis c’est 7 mois de tournage, un gouffre financier et Cimino qui se forge une réputation de mégalomaniaque. Mais avant tout il faut revoir ce film pour la peinture lyrique, cruelle et  sanglante qu’il dresse de l’Amérique des pionniers( des scènes de batailles incroyables), pour apprécier de grands acteurs américains dont Christopher Walken déja présent dans Voyage au bout de l’enfer et également pour Isabelle Huppert toute jeune et déjà pleine de talents, pour en prendre plein les yeux enfin avec une des images de toute beauté. La porte du paradis ou un grand film américain enfin retrouvé.


La Porte du Paradis – Un film de Michael Cimino sorti le 22 mai 1981 et ressorti en salles le 27 février 2013 en version restaurée. Durée : 3h36

Avec Kris Kristofferson (James Averill), Christopher Walken  (Nate Champion), John Hurt  (Billy Irvine), Sam Waterston (Frank Canton)

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