Indignados – Tony Gatlif

Tony Gatlif derrière la caméra et les indignés devant, Indignados, nouveau projet du réalisateur qui affectionne le monde tzigane et le filme si bien, promettait un moment alléchant et humaniste.

Pour aborder cette vague de révolte disséminée un peu partout sur le globe, Tony Gatlif s’inspire librement du succès de Stéphane Hessel Indignez-vous et inscrit face au mouvement l’arrivée en Europe d’une clandestine, Betty. Rien ne nous indique d’où elle vient, qui elle est, son histoire est inconnue. Pendant trois quarts d’heure, le film enchaîne avec brio son errance, et beaucoup de scènes symboliques : l’espoir palpable dans un champ de blé ou la misère sur les trottoirs parisiens grâce à quelques plans sur des chaussures accompagnés de prénoms et d’âges. Des phrases du livre de Stéphane Hessel apparaissent quelques fois à l’écran.
Et puis, passé le flamenco en pleine usine abandonnée où la chanteuse Norig nous gratifie d’une belle performance (la musique est à nouveau signée Delphine Mantoulet et Tony Gatlif, bande originale parfaite comme à l’habitude), le film s’enlise. Le regard décroche. Les plans arrivent parfois à une esthétique criarde. Les indignés apparaissent au compte-gouttes. Et la fin laisse libre cours à mille interprétations. Diable, que se passe-t-il ? Tout est libre de pensée (merci), mais n’apprend rien ni sur le mouvement, encore moins sur l’immigration en Europe pour ceux qui s’y intéressent un minimum. Sûrement trop déroutant pour quelqu’un de déjà touché par le(s) sujet(s) évoqué(s). Il faut alors prendre le film non pas comme un documentaire, mais comme une navigation à travers différents sujets de réflexion, laisser libre cours aux symboles. Sans aller jusqu’à comparer le film à un « hachis parmentier indigeste » (merci Marianne..), il est plus d’intéressant d’apprendre la genèse de ces images et l’urgence à tourner comme l’explique bien l’article de Mondomix. Respecter le choix du sujet est déjà un premier pas. Les choix de mise en scène sont d’autres problématiques bien plus faibles au milieu à ce monde parsemé de doutes, de crises et de cris.

Indignados, un film de Tony Gatlif sorti le 7 mars 2012 – Avec Mamebetty Honoré Diallo (Betty) et une poignée de révoltés.

Pour aller plus loin :

Quelques articles du Monde Libertaire Hors série consacré au mouvement des Indignés
Une chronique du précédent film de Tony Gatlif, Liberté.

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