Ida : un film polonais avec une histoire sur les postures, les impostures et leurs conséquences.
Ida, nonne élevée dans un orphelinat, s’apprête à formuler ses vœux pour entrer définitivement dans les ordres. Chasteté, pauvreté, obéissance… Connaissant le poids de cette décision et possédant quelques informations supplémentaires sur le passé de la jeune postulante, la mère supérieure l’invite à y réfléchir et à prendre des nouvelles de la seule famille dont elle dispose encore : Wanda, une tante célibataire aux antécédents sulfureux. Pour ce personnage avunculaire à la réelle épaisseur, Pawel Pawlikowski s’est inspiré d’Helena Brus-Wolinska, « accusée d’avoir été dans les années 50 une procureure responsable de la mort d’innocents dans des procès staliniens à grand spectacle » (propos recueillis par Nolwen Nedelec pour Acifia-Info).
Neige et routes cabossées, vodkas sifflées sans broncher, cambrousse aussi désolée qu’intemporelle, relents antisémites, façades lépreuses, traditions religieuses austères, couvent gris, forêts du powiat* de Gostyń abritant de sombres secrets, villageois rustres… La joyeuse enquête menée par Wanda et sa nièce sera tout autant généalogique qu’initiatique, avec en ligne de mire ces éternelles questions : d’où venons-nous et où allons-nous ? Questions auxquelles Ida et Wanda répondront chacune à leur façon et de manière définitive.
Dans un noir et blanc parfaitement adapté au projet porté par le scénario et d’une esthétique irréprochable, nous n’irons pas jusqu’à dire (comme les journalistes de Télérama) qu’Ida est un éblouissement, mais c’est pour le moins un objet parfaitement digne d’éveiller l’intérêt du cinéphile qui dort en chacun.
* Un powiat est une division administrative polonaise regroupant plusieurs communes.