Big Eyes de Tim Burton

Big Eyes : un film de Tim Burton sur la peinture d’après-guerre.

 

Les époux Keane forment un couple aussi étrange qu’harmonieux. Tandis que Margaret (Amy Adams) peint d’arrache-pied, Walter (Christoph Waltz) se démène pour faire la réclame des œuvres de sa femme et ça marche : les personnages aux yeux proéminents de son épouse se vendent comme des petits chaussons aux pommes. Le seul hic, c’est que Walter, fieffé bonimenteur formé à l’école de la vente dans l’immobilier, prétend être l’auteur de ces œuvres aussi populaires que rentables. Si Margaret l’accepte au début car ça met du beurre dans les épinards – et que ce mytho de Walter est bigrement convaincant –, Margaret au fur et à mesure se sent de plus en plus flouée : être ainsi dépossédée de son travail d’artiste-peintre lui devient insupportable au point qu’elle va souhaiter reprendre sa liberté et intentera à ce mari (en secondes noces) un virulent procès. Qu’elle gagnera.

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Margaret est si investie dans son œuvre et tellement obsédée par ses créations – qui plus est, à son grand dam grandissant, signées par son époux – que même en faisant ses courses, elle voit partout des personnages aux larges yeux…

Cette histoire, c’est celle d’une imposture bien sûr. D’une arnaque. On vend au public ce que le public a envie d’acheter – là, en l’occurrence, des reproductions, des posters et des cartes postales d’œuvres que d’aucuns, bon public, jugeront poétiques et attendrissantes tandis que les autres les considéreront comme le summum du kitsch cucul-la-praline – et on le sait tous, en art comme dans tout autre domaine, le public n’est pas toujours très regardant sur la provenance ou les modes de fabrication des produits qu’il plébiscite. Ce qui soit dit en passant n’est pas très moral.

C’est aussi l’histoire d’un amateur de peinture du dimanche qui se rêvait peintre de renommée internationale et qui, sans l’once d’un scrupule, va saisir l’opportunité offerte par le talent de sa femme pour assouvir ce vieux vœu. Ce qui n’est pas très moral non plus.

Enfin, c’est l’histoire d’une femme libre (divorcer dans l’Amérique puritaine des années 50 relève de la gageure) qui, pour s’émanciper, va accepter les deals foireux proposés par son second époux pour retrouver un statut social. Ce qui, là encore, est loin d’être glorieux. Mais, c’est le cas de le dire, il est souvent important de savoir gagner sa croûte.

Avec Big Eyes, Tim Burton propose donc une comédie dramatique aussi divertissante qu’intéressante. À n’en pas douter, Big Eyes ravira ceux qui se questionnent sur le Beau en art. Aussi bien que ceux qui rêvent d’avoir du succès dans leurs affaires.



Big Eyes – Biopic américano-canadien de Tim Burton – Avec Amy Adams , Christoph Waltz et Danny Huston – Durée : 1h46 – Sortie le 18 mars 2015 en France.

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