Se faire virer, suivi de Camera obscura, de Manon Delatre

Se faire virer, suivi de Camera obscura, de Manon Delatre : un récit sur les mondes (pas toujours pailletés) du cinéma.

533x800_se-faire-virerLe monde du travail salarié est pétri de petites misères. C’est pourtant sans misérabilisme (mais avec sincérité, beaucoup de combativité et un peu d’amertume) que Manon Delatre expose son cas. D’abord avec l’expérience d’un licenciement qui se passe mal dans Se faire virer. Ce n’est pas toujours simple d’aboutir à un commun accord. En position de force et plus ou moins rapiat, l’employeur n’est pas toujours tendre. Mais l’auteure, alors employée dans un cinéma parisien, va mettre un point d’honneur à ne pas se laisser piétiner. Ne pas tolérer qu’on nous rabaisse est une question de dignité.

La seconde partie de cet opuscule nous fournit aussi des armes pour lutter, pour garder le contrôle de nos destinées, ne pas se laisser dévorer par le monde (vorace) du travail – et faire respecter nos droits fondamentaux tout simplement. Dans Camera obscura, l’auteure détaille son parcours, ses rêves, ses désillusions, ses héritages. Devenue chef opératrice, elle va travailler dans ce monde du cinéma qui, quand on explique en faire partie, « allume une certaine lumière dans le regard de son interlocuteur » (page 40).

Manon Delatre raconte sa passion pour ce monde non dénué de magie, ses premiers pas, ses enthousiasmes, son abnégation, le sexisme ordinaire qui y sévit, les abus de pouvoir de petits chefs imbus d’eux-mêmes, la précarité qui y règne (et semble admise par quasi tout le monde comme un phénomène parfaitement naturel)… et comment elle va parvenir à s’en éloigner – en se levant et en se cassant. Méthode infaillible. Qui conduit au RMI mais permet de continuer à se regarder dans une glace.

Se faire virer, suivi de Camera obscura, de Manon Delatre, éditions du commun, « collection des réels » (NB : collection où l’on retrouvera le glaçant On a perdu Quentin, d’Éric Louis, le dépaysant Parti pour Croatan de Michel Vézina, l’inspirant La Communale, de Marc Faysse ou le savoureux Survie en télévente du camarade Marc-Adrien Nières), 80 pages, 2021, 8 €.

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