Les éblouis, de Sarah Suco

Les éblouis de Sarah Suco : un drame, d’utilité publique, sur le monde des sectes – et ce, d’autant plus quand on sait que l’organisme jusqu’à présent en charge de cette question, la Miviludes*, est appelé à être dissout au sein du ministère de l’Intérieur à partir du 31 décembre prochain.

 

Frédéric et Christine Lourmel ont les dehors de parents lambda. Lui (Éric Caravaca) est prof, elle (Camille Cottin), est comptable, disponible sur le marché de l’emploi. Ils ont trois enfants, vivent à Angoulême. Camille (Céleste Brunquell), leur aînée, suit des cours dans une école circassienne – et on verra que faire du cirque, en plus d’être un bon moyen pour jongler avec le réel, peut aussi permettre de sauver sa peau.

C-Brunnquell

Camille (Céleste Brunquell) en plein conciliabule avec Boris (Spencer Bogaert), camarade de l’école du cirque…

Frédéric, un peu mou d’esprit, et sa femme, un peu fragile et en quête d’un statut social reluisant, vont peu à peu se faire aspirer par le vortex puissant d’une communauté de catholiques intégristes, la Colombe, menée par un splendide Jean-Pierre Darroussin, dans le rôle (assez horrible, il faut bien le dire) du « Berger » censé guider les âmes bêlantes qui forment ce troupeau d’égaré·e·s. Or, ce Berger-là est fort pour abuser des corps, des portefeuilles et des esprits trop dociles. Faux souvenirs induits, abus de confiance, emprise psychique, etc., le Berger, en bon psychopathe pervers, a plus d’une diablerie dans sa malle.

Comment en arrive-ton à s’aveugler soi-même ? est la question centrale des Éblouis. À quel moment la raison abdique-t-elle ? Les éblouis met sous les projecteurs, assez divinement, ce processus par lequel une telle emprise s’opère. Face à cet embrigadement irrépressible, la famille (ici les grands-parents qui désespèrent d’être ainsi coupés de leur fille et de leurs petits-enfants), les proches, voire la police, semblent démunis. Comment une « normalité », à l’évidence déviante, parvient-elle à s’instituer au sein d’une secte ?

À l’heure où, en Macronie, on parle de supprimer l’observatoire sur les phénomènes sectaires, on ne pourra que recommander ce film de la réalisatrice et actrice Sarah Suco** qui irradie d’intelligence sur un sujet pourtant épineux.

* Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

** On retrouve Sarah Suco dans un petit rôle, aux côtés de Karin Viard et Jérémie Elkaïm, dans Chanson douce de Lucie Borteleau.

Les éblouis – Drame français de Sarah Suco – Avec Céleste Brunquell, Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Spencer Bogaert, Éric Caravaca… – Durée : 1 h 39 – Sortie le 20 novembre 2019.

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