Joker de Todd Phillips

Joker de Todd Phillips : un rôle de clown rédempteur de haute volée pour Joaquin Phoenix.

Dans une ville de Gotham en proie à une grève des éboueurs interminable et à des inégalités qui ravagent la cohésion sociale avec la férocité d’un frelon sur une figue, le fragile Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), sous médocs, vit avec (et chez) sa pauvre mère (Frances Conroy), recluse, prostrée devant son écran et les émissions de divertissement que celui-ci diffuse – et notamment les bouffonneries mondaines de l’humoriste grand public Murray Franklin (Robert De Niro). Par ailleurs, Arthur est clown : une boîte de seconde zone emploie ses talents lors d’opérations de déstockage de boutiques en faillite. Professionnellement, Arthur rêve de percer dans le stand-up. Sentimentalement, il fantasme sur sa voisine Sophie (Zazie Beetz). Le handicap qu’il traîne – des crises de fous rires le saisissent aux moments les moins opportuns – va le précipiter dans une série d’événements qui vont le transformer, lui, et sa cité.

JKR_DAY037_110518_0832281.dngArthur (Joaquin Phoenix) est aux petits soins pour sa mère Penny (Frances Conroy).

Arthur Fleck est la métaphore du gueux, souffreteux, courageux, malmené par le destin, traumatisé dans ses chairs par des secrets de famille et qui a, malgré tout, développé un bon fond. Fils aimant et travailleur, il en chie depuis toujours dans une ville démesurée qui sait se montrer fastueuse et opulente pour les uns et sans pitié pour les autres. Nonobstant, Arthur, que sa mère avec une affection presque oppressante surnomme « Happy », garde le sourire et répand la joie autour de lui autant que faire se peut, comme sa mère justement le lui a appris. Mais vient un moment où cette posture n’est plus tenable – la rage déborde et se propage.

Via une satire sociale qui pointe du doigt la duplicité des médias (leur arrogance couplée à leur cynisme quasi sans limite), la décrépitude généralisée d’un système (auquel tout le monde semble se soumettre) qui accroît autant comme autant toute forme de précarité, Joker satisfait une pulsion fondamentale tapie en chacun : celle de voir ceux qu’on considère comme de beaux salauds se faire enfin dérouiller.

Joker – Drame américain de Todd Phillips – Avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Frances Conroy, Zazie Beetz … – Durée : 2h02 – Sorti le 9 octobre 2019.

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