Deux jours, une nuit : du cinéma chiant qui réveille les consciences : 72 heures suffiront-elles pour tout changer ?

Le moment le plus drôle de ce film est sans conteste lorsque, dans le pavillon qu’elle n’a pas fini de payer, l’héroïne (dépressive), Sandra, menacée de perdre son emploi (et qui n’a pas fait l’amour avec son mari depuis quatre mois), engloutit toute une boîte de Xanax pour attenter à ses jours et mettre un terme à ses souffrances professionnelles, existentielles ou autres (qui nous sont tues par les frères Dardenne – adeptes du non-dit et des silences qui en disent long – mais qui sont sûrement très lourdes à porter).

Vous l’aurez compris, pour se dérider les zygomatiques, il ne faudra pas compter sur cet opus plutôt sinistre et ennuyeux (pour ne pas dire carrément plombant) des frères Dardenne. Pour autant, Deux jours, une nuit a cet immense mérite de décrire, en une heure et demie et des poussières, la calamité catastrophique et généralisée qui touche nos sociétés post-industrielles, à savoir que bosser dans une boîte de merde (avec des collègues d’une veulerie qui n’a d’égale que leur tristesse), pour un salaire de misère (et des primes du même tonneau), sous les ordres d’un patron et d’un contremaître pareillement puants, est ce à quoi est réduite une part importante de la population. C’est dire le degré d’aliénation auquel arrive aujourd’hui l’homo sapiens, prêt dorénavant à se battre pour cet objectif : un boulot précaire, dans une ambiance délétère, payé au lance-pierre. Dans ce marasme socio-économique filmé surnagent cependant deux petits moments heureux ; et c’est la musique qui les procure, grâce à Petula Clark (« La nuit n’en finit plus ») et aux Them (« Gloria »). Gloire à eux donc.

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