Dumbo, le cirque de Tim Burton

Dumbo de Tim Burton : un film sur les anomalies (que la bienveillance transforme en bénédiction), sur le dépassement de ses peurs (ce n’est pas toujours instinctif pour un éléphanteau d’avoir à se jeter dans le vide), et sur l’amour réciproque (forcément émouvant) entre une éléphante et son petit et entre des petits maîtres et leur petit protégé.

 

null

Max Medici (Danny DeVito) devra avoir plus d’un tour dans son sac et plus d’un singe dans ses tiroirs pour revitaliser son cirque ambulant moribond…

 À la tête d’un cirque minable, façon Freaks de Tod Browning (à la sauce Disney, cependant… pour ne pas trop traumatiser nos chères têtes blondes, rousses, brunes, auburn ou crêpues), décimé par la grippe et les restrictions liées à la guerre 14-18, où hommes et bêtes sont malmenés et dont les caisses sont vides, un directeur assez peu scrupuleux (Danny DeVito*) investit dans une éléphante qui va bientôt vêler. L’éléphanteau qui naît, censé faire revenir le public, provoque la surprise : il a des oreilles difformes qui l’empêchent de marcher.

Les enfants d’un vétéran de 14-18 (Colin Farrell), cascadeur équestre qui revient estropié du front français – et dont la belle épouse est morte tandis qu’il combattait –, vont prendre sous leur aile l’éléphanteau disgracieux. Et ô miracle de la nature – il paraît, apprend-on de la bouche d’un dresseur de serpents hindouiste que les dieux sont capables de s’incarner en animaux –, le petit pachyderme pataud va s’avérer, après quelques entraînements et avec l’aide de gri-gri, aussi doué qu’un épervier en matière de piqué et vol plané.

Nonobstant, ce don, révélé par la presse à sensations, va bientôt exacerber des envies.

Avec cette jolie histoire (pour tous publics) gorgée de tout ce que la vie recèle de tragique (citons, sans hiérarchiser les douleurs, tares et drames : des animaux maltraités et exploités, des enfants de la balle orphelins, un veuf mutilé, des publics bêtes et cruels assoiffés de monstruosités, des entrepreneurs avides et absolument sans vergogne…), Tim Burton revisite ce grand classique de Disney (dont la lecture de l’histoire illustrée enchanta mon enfance), développant au passage une critique des parcs d’attraction surdimensionnés – son Dreamland sous la gouverne d’un Michael Keaton** démoniaque et mégalo est magistral – et offrant, in fine, un fervent plaidoyer antispéciste et humaniste.

* Pour la petite histoire, Danny DeVito jouait déjà un directeur de cirque dans l’excellent Big Fish du même Tim Burton (2003).

* Tim Burton est fidèle à ses acteurs : on retrouvait déjà Michael Keaton dans Beetlejuice (1988), Batman (1989) et Batman, le défi (1991).

Dumbo – Film américain de Tim Burton – Avec Colin Farrell, Danny DeVito, Michael Keaton, Eva Green… – Durée : 1h52 – Sortie le 27 mars 2019.

Envie de réagir ?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>