L’Apparition de Xavier Giannoli : quand un mercenaire au service du business de la dés·information se met au travail pour la grande holding internationale de la foi très chrétienne.

C’est fou comme un sweat à capuche en polaire beige peut vite ressembler à une robe de bure… Ci-dessus, Anna (Galatea Bellugi), jeune orpheline qui aurait vu la Vierge en se baladant dans les prés avec Mériem (Alicia Hava), une copine elle aussi orpheline…

Grand reporter pour Ouest-France (non ce n’est pas un gag, c’est le pitch), Jacques (Vincent Lindon), qui déprime un peu après la perte d’un camarade, est contacté par le Vatican. Il va rejoindre illico un collège d’experts chargé d’examiner un « miracle ». Car Anna (Galatea Bellugi) aurait vu la Vierge, dans les collines pré-alpines. Et il s’agit donc d’authentifier la chose, ou de déterminer une supercherie.

Le Vatican est ici une citadelle défendant le business (assez juteux ma foi, au vu des édifices édifiants tout de dorures, de rayonnages d’archives et de marbre) de la foi. Il accrédite les phénomènes paranormaux. Qui vont encore accroître celle-ci. Car la foi se nourrit de merveilleux (et le marbre, les gardes suisses avec leurs longues hallebardes, les crucifix et les ors, ça a un coût). Alors foi et examens rationnels des apparitions avancent main dans la main pour faire fonctionner le bouzin.

La confrontation entre la jeune novice orpheline, un peu écorchée vive et béate, aux cernes de plus en plus sombres et fiévreux, et le vieux briscard qui a écumé les zones de guerre pour rapporter à son employeur Ouest-France d’obédience plutôt catholique (un tantinet réactionnaire, diront ses détracteurs) des témoignages de la barbarie de l’homme de peu de foi, est certes réussie.

La foi dévoyée de prêcheurs adeptes de miracles et autres reliques bricolées maison est elle aussi bien ciblée. Les miracles sont autant l’objet d’un culte que d’un commerce. Et d’un tourisme à destination de pèlerins grégaires consternants de naïveté et avides d’inexplicable. L’exploitation des nonnes qui fabriquent des couettes en plume d’ange d’oie, le fanatisme dont elles font preuve au service de leur foi, de leurs croyances, tout ceci est mis en lumière par petites touches, dévoilant ainsi tout ce que le sacré a de profane, de grossier et de tronqué.

Mais Xavier Giannoli a aussi l’idée de suggérer que les miracles sont possibles. Ainsi ceux qui y croient comme ceux qui sont dubitatifs vis-à-vis du phénomène mystique seront servis. Et le spectateur, à défaut d’avoir vu la Vierge-Marie, aura pénétré au cœur de la machine qui authentifie ses apparitions – et en fait un business lucratif, car il n’y a pas de petit profit en ce bas-monde où la Vierge finit dans des boules à neige.

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