Moka : un petit drame subtil, sur les difficultés de pallier avec finesse l’absence d’un enfant disparu brutalement, avec, en prime, le ciel bleu des Alpes en arrière-fond et les yeux atlantique délavé d’Emmanuelle Devos.

Diane (Emmanuelle Devos) est sur les traces des chauffards qui ont buté son fils sur un passage clouté. Diane, qui est suisse, vit à Lausanne. Sa traque va la mener de l’autre côté du lac Léman, à Évian. Dans son collimateur : une esthéticienne peroxydée (Nathalie Baye) qui roule dans une Mercedes SL intérieur cuir de 1972 couleur café au lait métallisé.

Ce duel franco-suisse permet de retrouver 2 grandes actrices du cinéma hexagonal toujours impeccables (ce pourquoi vraisemblablement elles sont grandes), au point qu’on pourrait leur confier les rôles d’une pompe à vélo ou d’un guerrier mongol et qu’elles tireraient encore leur épingle du jeu : Emmanuelle Devos qu’on avait adorée dans l’éminemment romantique Le Temps de l’Aventure de Jérôme Bonnell (2013) et Nathalie Baye que, curieusement, on avait vue l’an passé dans La Volante de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri, où elle jouait elle aussi une mère éprouvée inconsolable après la mort de son adolescent victime d’un accident de la route.

À bord du véhicule aussi cossu que puissant qui a chamboulé son destin, Diane Kramer (Emmanuelle Devos) est en route pour renouer avec celui-ci.

Au-delà d’aborder les thèmes de la vengeance et de la justice qu’on peut rendre soi-même, avec tous les risques que ça représente – mais dont on a besoin, ne serait-ce ici que pour être en mesure d’accomplir son deuil –, Moka est, aussi, l’occasion de découvrir un morceau du compositeur allemand Oskar Rieding (1840 – 1918).

Moka, film franco-suisse de Frédéric Mermoud – Avec Emmanuelle Devos, Nathalie Baye… – Durée : 1h29 – D’après un roman de Tatiana de Rosnay (Plon, 2006, 249 p.).