Irréprochable, de Sébastien Marnier

Irréprochable : un thriller sans faille sur les stratégies et les mensonges complexes qu’emploient celles·ceux qui ont laissé leurs scrupules au vestiaire.

 

La musique est très bonne – Zombie Zombie.

L’actrice principale – Marina Foïs – dans le rôle de Constance, une agente immobilière qui s’évertue à retrouver coûte que coûte sa place dans l’agence qu’elle a plaquée six ans plus tôt, est impayable. Marina Foïs aime les films d’auteurs et ceux-ci le lui rendent bien.

Les seconds rôles – Audrey la jeune recrue dans le collimateur de Constance (Joséphine Japy) ; Philippe, l’ex devenu quasi malgré lui vieux copain (Jérémie Elkaïm) ; Gilles, le fiscaliste infidèle et libidineux (Benjamin Biolay) – ont une vraie épaisseur. La fellation sauvage dont le beau Gilles est gratifié dans les premières minutes du film donne ainsi le ton. Très libre. Et donc très percutant.

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Après quelques temps chacun de son côté, Constance (Marina Foïs) et Gilles (Jérémie Elkaïm) se retrouvent dans le hall du gymnase de leurs jeunes années de tendresse partagée. Si le décor est inchangé, les caractères, eux, se sont trempés.

Les décors sont chiadés, choisis – qu’il s’agisse de la maison de la mère de Constance où cette dernière revient car elle n’a plus ni voiture ni argent ni emploi ni logement… La tapisserie trompe-l’œil des années 70, avec un paysage gondolé à cause de l’humidité, le carrelage où Constance s’allonge nue car il fait chaud, la maison neuve en chantier où vit Audrey, le canal et le parcours de santé où les deux jeunes femmes vont s’entraîner, la maison de retraite glauquissime où végètent les anciens devant un écran de télévision… Tout est pensé pour soutenir l’intrigue. L’atmosphère de ce drame de province se corse rapidement. Le trait de la satire sociale porte. Le tout dresse un portrait complexe de femme aux abois, mais néanmoins bluffante d’aplomb.

Les costumes eux aussi méritent une mention spéciale – on pense bien sûr très fort aux chemisiers improbables de Constance qui se la joue chic, ainsi qu’à ses fringues d’ado qu’elle retrouve dans les penderies chez sa mère et qu’elle remet ! d’où des leggings à fleur, des sweats immondes et des t-shirts Nesquik. On ne parlera pas de la R 11 familiale vert anglais que Constance adopte pour certains de ses déplacements.

Le suspens de ce thriller psychologique et subtil, à la française, est lui aussi impeccable. Les thèmes abordés (la perte d’emploi et la concurrence impitoyable entre salariés, le retour (plus ou moins penaud) aux sources (pour certaines largement taries), les liaisons adultères et les couples branlants, la dégénérescence des vieux oubliés, la perversité et la duplicité, le harcèlement et la justice, l’entraide renouvelée entre vieilles relations et la peur de reproduire les mêmes erreurs que par le passé, l’escalade dans le mensonge et la naïveté des esprits vierges) sont pertinents et abordés avec finesse. Alors quoi ? Vous n’êtes pas convaincu·e ? Sinon, il vous reste Camping 3.


Irréprochable – Thriller français de Sébastien Marnier – Avec Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Benjamin Biolay – Musique de Zombie Zombie – Durée : 1h43 – Sortie le 6 juillet 2016.

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