Tout pour être heureux, de Cyril Gelblat : une comédie française sur la difficulté d’être heureux, d’associer les déconvenues avec le besoin de joie.
Il y a de l’eau dans le gaz entre Antoine et sa femme. Lui bosse dans la musique. Il a été batteur pour Bruel et Bashung. Elle, est juge. Il ne supporte plus qu’elle pisse la porte ouverte. Elle n’en peut plus qu’il utilise sa brosse à dents à elle, ou qu’il ponctue ses phrases par « putain ». La comédie de Cyril Gelblat fait mouche en décrivant ces situations d’une famille saturée : la mère est surbookée, courant après le temps, sur les nerfs, toujours efficace. Le père est un peu démissionnaire, un peu fumiste. Il préfère s’investir dans ces projets pop-rock qui le font encore vibrer – mais qui à chaque fois risquent de le mettre sur la paille.
On découvre ainsi un Manu Payet qui excelle, la prunelle qui pétille, dans ce rôle d’homme écartelé entre 1) sa passion pour la musique 2) ses responsabilités paternelles 3) ses devoirs conjugaux et l’amour effiloché qu’il porte encore à sa femme 4) sa fidélité aux potes, elle aussi effilochée 5) ses aspirations au bonheur 6) sa lutte contre l’ennui et la médiocrité 7) la réussite des petits groupes qu’il produit et les contrats qu’il doit signer pour voir aboutir ses plans 8) sa sœur avocate (Aure Atika) qui a réussi financièrement (vers qui se tourner pour obtenir de l’aide représente un effort)… Tiraillé entre ces injonctions paradoxales, Antoine / Manu Payet donne le meilleur de lui-même, courant après une idée du bonheur fuyante et mal définie. Or voir un acteur qui jubile, en prise avec des contradictions qu’on fait siennes, ça n’a pas de prix.
Tout pour être heureux, de Cyril Gelblat avec Manu Payet, Audrey Lamy, Aure Atika, Joe Bel – Durée : 1h37 – Sortie le 13 avril 2016.