Court Métrange, festival international du court-métrage insolite et fantastique (qui en est à sa douzième édition !) et le ciné TNB rue Saint-Hélier, partenaire privilégié de l’événement, offrent aux collégiens du secteur l’occasion d’une sortie inoubliable. Et d’établir le palmarès de leurs préférences.

Cette année, avec 375 voix, le vote final des collégiens consacre The Karman line d’Oscar Sharp (Royaume-Uni – 2014 – 24’). The Karman line, c’est la ligne théorique, conçue par Theodore von Kármán (1881-1963), qui sépare la stratosphère de l’espace intersidéral. Cette ligne, située à une centaine de kilomètres du sol terrestre, va être franchie par une femme banale, Olivia Colman, mère au foyer jusqu’alors sans histoire qu’un mal aussi étrange qu’inexpliqué amène à léviter de plus en plus haut, sans que ni sa famille ni la médecine n’y puissent quoi que ce soit. C’est tragique, c’est beau, c’est poétique, c’est fantastique, c’est une magnifique métaphore sur le deuil et l’élévation de l’âme et, qui plus est, un bel hommage à ces êtres humains mystérieux que sont les enfants qui passent des examens, les mères vaillantes et les époux amoureux.

Le 2e de ce palmarès, avec 373 voix, est The gold watch, de Joachim Nakagawa Stråning (Suède – 2014 – 6’56). Il s’agit là d’un homme qui, faisant ses courses dans un supermarché, à l’aide d’une montre cassée, parvient à arrêter le mouvement. Ce qui présente des avantages, à l’heure de passer en caisse, mais peut-être aussi quelque inconvénient. Vous ne regarderez plus les caissiers du même œil.

Le 3e avec 339 voix, c’est A single life, de Joris Oprins, Marieke Blaauw et Joris Roggeveen (Pays-Bas – 2014 – 2’15). Le format de ce film d’animation est réellement très court, ce qui en accroît la portée drolatique puisque A single life est une farce tragique sur, justement, la brièveté inexorable de toute vie. Une réussite incontestablement.

Le 4e, totalisant 96 voix, c’est Tsunami de Sofie Kampmark (Danemark – 2015 – 7’14). Un homme voit sa maison dévastée par un raz-de-marée. La vie continuant, il héberge donc désormais des poissons, dont l’un, monumental, a élu domicile dans sa salle de bains. Certains hôtes ont des pouvoirs (magiques) qui réclament un absolu respect. Tsunami fait ainsi autant référence aux forces de la nature qui à intervalles réguliers accablent l’archipel nippon, qu’à ce cinéma d’animation à la sauce Miyazaki qui force l’admiration et met en action à travers de féériques allégories les puissances de la Nature.

5e (total : 89 voix – voir illustration ci-dessus) : Corpus de Marc Héricher (France – 2015 – 3’30). Ici, ce petit film très réaliste (en animation 3D) met en scène une belle mécanique qui permet, à l’instar d’une hécatombe de dominos spectaculaire, de visiter un corps humain dépecé. Joli et envoûtant.

6e avec 70 voix, Eefje Donkerblauw de Charlotte Dewulf (Belgique – 2014 – 10’46) est un petit conte très esthétique et très poétique qui raconte, dans un monde gris où les 4L blanches sont les seuls véhicules admis, la rencontre surréaliste d’une jeune femme bleue avec un jeune homme jaune. À l’applaudimètre, Eefje Donkerblauw rivalise avec The Karman line. Sans doute la présence et les discours de la réalisatrice Charlotte Dewulf et de son actrice principale Celine Verbeeck n’y auront pas été étrangers.

La valse mécanique de Julien Dykmans (Belgique – 2014 – 5’) arrive dernier avec un total de 51 voix. Sans doute le moins abouti et le plus convenu de cette série par ailleurs très relevée. L’histoire de ces marionnettes qui se libèrent de leurs fils tenus par on ne sait quoi n’aura apparemment pas convaincu.

Une séance, le dimanche 18 octobre 2015 à 18h, présentait tous les lauréats de cet excellent cru de Court Métrange.

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