À trois on y va de Jérôme Bonnell

À trois on y va : une comédie estivale à la sauce lilloise.

 

Quand on a la tête farcie de choses compliquées, sérieuses ou désagréables, qu’il est doux de se taper un cinoche et se vautrer devant une comédie française sans prétention. En l’occurrence, À trois on y va. Qu’on recommandera chaleureusement (histoire de faire encore monter la température) à tous les petits cœurs tendres et autres âmes fleur bleue en manque de fraîches romances subtiles. À trois on y va, c’est d’abord une histoire d’amours secrètes, plus ou moins bien cachées – dont le spectateur est témoin en tout cas. On est à Lille, aux environs du 14 juillet. Il fait chaud. Très chaud. Micha (Félix Moati) aime Charlotte (Sophie Verbeeck). Mélodie (Anaïs Demoustier) aussi aime Charlotte. Charlotte aime Micha. Mélodie aime Micha. Charlotte aime Mélodie. Micha aime Mélodie. Bref, ces trois-là s’apprécient. Les liaisons homosexuelles sont ici apaisées, ne gênant pour ainsi dire personne – on est très loin de l’esprit qui régnait au moment des polémiques pour le mariage pour tous. Les sentiments par contre sont confus entre ces jeunes gens tout feu tout flamme qui sont à l’heure des choix et qui, faute de savoir quelle décision prendre, s’en remettent à leur instinct. Les corps parlent. Micha à ce titre n’a-t-il pas tatoué un « amok » * sur le biceps ?

L’intrépide Mélodie est sur la corde raide… Et ça lui va plutôt bien… ANAIS-DEMOUSTIER

Et c’est là la raison d’être de cet aimable petit film bien troussé, qui n’est pas sans rappeler Happy Few d’Antony Cordier, avec Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Roschdy Zem, Élodie Bouchez (2010) qui décrivait déjà des situations de couples alambiquées. Félix Moati est ici parfait en vétérinaire partagé entre deux jeunes femmes pareillement délicieusement attirantes. Idem pour Anaïs Demoustier, qu’on avait déjà eu le grand plaisir de suivre aux côtés de Romain Duris dans le très troublant Une nouvelle amie de François Ozon (2014) qui lui aussi – décidément – abordait le thème des liaisons homme-femme hors de l’ordinaire. Elle excelle dans ce rôle d’avocate aux perspectives amoureuses et professionnelles sur le grill.

Comment dominer ces élans paradoxaux ? Et faut-il seulement tenter de les dompter ? À trois on y va offre ainsi une bonne occasion de renouer avec l’érotisme (et l’amour sous-jacent) qui irrigue les relations humaines assumées pleinement, c’est-à-dire vécues à cœur ouvert, sans calcul ni pudibonderie. Et puis, dans le pire des cas, nous apprend Charlotte avec philosophie (Sophie Verbeeck), tout ceci formera des souvenirs, trésors inestimables qui nous accompagneront généreusement partout et tout le temps…

* Amok, c’est le mot malais, titre d’une nouvelle de Stefan Zweig (1922), qui désigne la folle passion qui saisit certains individus et les mène à leur perte.

À trois on y va, comédie romantique française de Jérôme Bonnell – Avec Anaïs Demoustier, Félix Moati, Sophie Verbeeck, Olivier Broche, etc. – Sortie le 25 mars 2015 – Durée : 1h26

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