Rencontre avec Riwanon Le Beller, assistante monteuse.

À l’occasion de la sortie de Respire, deuxième long-métrage de Mélanie Laurent, L’Imprimerie Nocturne a souhaité en savoir plus sur les métiers du montage. Entretien donc avec Riwanon Le Beller, assistante monteuse qui, non contente de travailler sur Respire, a aussi travaillé sur Le cœur des hommes 3 de Marc Esposito ou Paradise Lost, d’Andrea Di Stefano.

 

Comment devient-on monteuse (ou assistante monteuse) pour le cinéma ?

Riwanon Le Beller : Il est difficile de généraliser sur cette question car il y a plusieurs manières d’approcher ce métier et les gens viennent parfois d’horizons très variés. En ce qui me concerne, j’ai fait un BTS Audiovisuel, mais j’avais découvert le montage au lycée en choisissant une option Cinéma en parcours littéraire. Je pense que sans cette option, je n’aurais pas eu connaissance de ce métier aussi vite puisque c’est un métier de « l’ombre » dont on parle peu et dont on peut même ignorer l’existence. Suite à mon BTS, j’ai déclenché un maximum de rencontres avec des monteurs et assistants monteurs, puis on m’a laissé ma chance sur un long-métrage en tant que « renfort » assistante monteuse. (Il arrive que les assistants monteurs aient une surcharge de travail, et il est assez habituel dans ce cas de faire appel à un autre assistant pour l’épauler pendant cette période.) À partir de là, les liens humains se sont tissés on m’a rappelée pour d’autres films.

 

■  Sur quel projet travailles-tu actuellement ?

R. Le Beller : Je travaille actuellement sur le prochain film de Joann Sfar, qui signe son troisième long-métrage après Gainsbourg et Le Chat du Rabbin.

Mélanie Laurent, la réalisatrice de Respire, mais aussi de Les adoptés (2011), actrice (pour Philippe Lioret, Quentin Tarentino, Louis Leterrier, Rachid Bouchareb, Jacques Audiard, Martin Solveig, Cédric Klapisch, etc.), chanteuse (En t’attendant, 2011), a une activité prolifique et variée. Comment a-t-elle pu réagir au récent buzz visant à la ridiculiser qui compilait dans une vidéo certains de ses propos euphoriques, alors même qu’elle sortait un film sur le harcèlement moral ?

R. Le Beller : Je ne peux pas savoir comment elle a pu réagir, mais j’ai du mal à imaginer qu’elle ait pu apprécier ! J’ai vu le montage qui a tourné sur internet – à ce propos, très bel exercice de montage qui arrive à faire dire aux images tout ce que le monteur souhaite – et je trouve ça bien inintéressant ! Et surtout un peu bas, car c’est vraiment très facile d’isoler des phrases et de les compiler pour les rendre ridicules.

 

En quoi consiste le métier de monteur ? Est-ce là où il faut choisir les bonnes pièces qui créeront le puzzle adéquat ? Quelles sont les qualités requises pour exercer correctement ce métier ?

R. Le Beller : Le métier de monteur consiste à raconter le film en fonction de ce qui a été tourné, en se détachant parfois du scénario. Il faut faire un peu le vide avec ce qui avait été écrit, repartir de zéro et voir ce que les images ont à raconter. Bien entendu, il s’agit de choisir les meilleures prises au jeu, au cadre, celles sans problème technique, mais c’est surtout choisir la prise qui va raconter le mieux notre histoire. Puis ensuite il s’agit de trouver un rythme, un souffle en associant toutes les séquences. Il me semble que les qualités requises sont variées, mais disons qu’il faut aimer tordre une histoire dans tous les sens, savoir se mettre à la place du spectateur constamment, avoir la patience de revoir les mêmes images encore et encore… bref il faut aimer se prendre la tête ! Mais que c’est passionnant…!

Les intermittents du spectacle ont fait parler d’eux récemment. Leur statut est-il réellement mis en péril ? ou bien est-ce encore une manie française de se plaindre la bouche pleine ?

R. Le Beller : Le statut d’intermittent est constamment remis en question car on pense les intermittents privilégiés. Je vous assure qu’on ne pourrait pas tous vivre de notre métier sans ce statut. Donc, je ne pense pas que ça soit de la plainte inutile. Sauf bien sûr si on estime que le cinéma, et l’art d’une manière générale n’est pas indispensable en France…

 

Quelles sont tes principales influences (cinématographiques, ou autres éventuellement – car en arts, il y a souvent des passerelles entre disciplines) ?

R. Le Beller : Je ne vais pas réellement pouvoir répondre à ta question… Je pourrais bien sûr te donner quelques-uns de mes réalisateurs préférés mais ça ne serait pas honnête de parler d’influence par rapport à mon métier : lorsque je suis assistante monteuse, je n’ai pas la création en main, je travaille au service d’un monteur ou d’une monteuse qui eux, sont en charge de l’aspect créatif. L’assistant monteur accompagne, apprend, en vue d’un jour devenir monteur. Je me sentirais un peu présomptueuse de lister mes « influences » alors qu’elle n’ont – pour le moment – rien à influencer… Vois-tu ce que je veux dire ? Bien sûr, j’ai des réalisateurs que j’aime et qui m’influencent dans mes « travaux » de montage comme James Gray, Wes Anderson, Christopher Nolan, P. T. Anderson… Tellement…

 

Ci-dessous, monté par Riwanon Le Beller, le making-of du jeu Ubisoft Valiant Hearts (2014) :

Le site de Riwanon Le Beller

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