Rencontre avec Steve Lejeune, réalisateur aux inspirations éclectiques

Réalisateur de talent, Steve Lejeune voit sa notoriété évoluer au fur et à mesure de son travail. Adepte inconditionnel de cinéma et de séries en tout genre, il baigne dans l’univers du rap depuis ses débuts. Création d’un collectif (Paradoxe Mécanique), de nombreuses collaborations avec des artistes de renom comme Ahmad ou Artik lui ont permis de se faire un nom en tant que réalisateur. Même derrière la caméra Steve Lejeune fait parler de lui. Si ce nom ne vous dit rien, il ne vous reste plus qu’à le découvrir ici.

  • steve lejeune Je vais commencer par quelque chose de banal mais que je trouve au final très instructif pour ceux qui te découvrent : ton parcours. Comment tout cela a débuté ? Comment le cinéma est-il devenu ta passion et au final comment t’est venu cet amour pour la réalisation ? 

Steve Lejeune: Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné par le cinéma. Par contre le pourquoi du comment, ça mériterait bien plus qu’une réponse en quelques lignes. Il faudrait une psychanalyse entière pour ça. (Rires) En tout cas, j’ai suffisamment été passionné pour entamer des études de cinéma à la fac après le bac, mais pas assez courageux sur le coup pour y rester plus d’un an. Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai recommencé avec une formation de montage, et où je me suis vite remotivé. J’ai commencé par faire des clips avec des caméras pourries pour les copains comme le groupe « Enfants Terribles » composé d’artistes tel que Cheef ou Pytagor.

  • En suivant ton travail depuis le début, on remarque une qualité et une certaine assiduité dans ton travail ! Beaucoup de tes clips sont des réalisations pour Ahmad. Comment est née cette rencontre ? Qu’est-ce qui t’a plu dans son travail ?

Avant tout j’étais un auditeur. J’avais beaucoup aimé son Justin Herman Plaza. Je l’ai donc contacté via Facebook. On a commencé à échanger en même temps que je débutais dans la vidéo. Assez rapidement on a apprécié travailler ensemble. J’ai bien cerné son univers et du coup je suis en terrain connu quand je bosse avec lui. Avec le temps, c’est devenu un ami, du coup quand je pars en vacances chez lui, on en profite pour faire un clip.

  • Il y a quelques années, tu as créé avec d’autres personnes de ton entourage un collectif appelé Paradoxe Mécanique. En quoi consiste ce collectif ? Quel est son but et surtout qu’est-ce que les gens peuvent y découvrir ?

paradoxe mécaniqueLe but c’était de créer un collectif de réalisateurs. Une sorte de label vidéo, où l’on pouvait chacun profiter de la dynamique des autres, en aidant sur les projets de chacun, en élargissant son réseau, et surtout en bénéficiant d’une forte émulation. J’avais monté le projet avec Jax, un autre réalisateur, mais on n’est pas restés longtemps ensemble. J’ai mis du temps à recruter d’autres réalisateurs, mais quand je m’y suis mis, ça a été assez vite. On est maintenant 4 membres au sein de Paradoxe Mécanique. Chacun a un cursus et une spécialité différente.

  • Tu as créé ce collectif avec la participation de Jax. Il est parti soudainement quelques temps après le lancement. Que s’est-il passé ?

On n’avait pas la même vision des choses. Disons que, pour faire simple, je voulais qu’on se fasse un nom avant de chercher à faire de l’argent, et que le côté lucratif viendrait après, quitte à faire quelques vidéos gratuitement pour commencer. Lui voulait tout de suite vivre de son travail. C’est devenu un sujet de désaccord et ça a créé un rapport un peu étrange entre nous. Et puis il y avait aussi le fait que je suis quelqu’un qui va facilement vers les gens, ce qui me permet de trouver facilement des projets. Lui à l’époque était plus réservé, du coup les projets qu’on avait étaient ceux que je trouvais, et étaient principalement dans le rap. C’est mon univers à moi, et moins le sien. Il avait du coup du mal à s’épanouir au sein du collectif.

  • Dans le clip d’Artik (Noircity, End of the Weak etc) « Stress », pourquoi avoir choisi le long métrage « Burried » comme référence pour ce clip ?

On cherchait une idée de clip visuellement forte. Au début j’ai soumis une idée de boîte qui tournait avec la camera accrochée dessus pour donner l’impression qu’Artik subissait des changements de gravité. Finalement, Artik a dit « Burried ». J’ai dit « banco » (rires). Le fait est que moi je veux aussi m’amuser quand je réalise des vidéos. Le fait de faire un clip entièrement dans un cercueil, comme dans le film, ça constituait un petit défi pour moi et du coup je me suis bien amusé dessus.

  • On remarque tout au long de ton travail, de tes clips, que tu apparais dans beaucoup d’entre eux ! Petit besoin de se retrouver devant la caméra aussi ou juste un délire comme un autre ?

Un peu des deux. Je crois que oui, quelque part, j’aurais bien aimé être devant la caméra. Acteur, chanteur, je n’en sais rien mais oui je pense que ça me plairait. Ensuite, c’est surtout un délire un peu mégalomane de réalisateur. De Hitchcock à Tarantino y’a pas mal de réalisateurs qui font des apparitions dans leurs films. Je suis à des années-lumières de leur niveau, mais j’m'y crois déjà. (Rires)

« Je suis très intrigué par les fictions musicales. »

artikstress

  • En aparté, tu m’as parlé d’un projet en cours avec l’artiste Cheef, membre des « Enfants Terribles », tu peux nous en dévoiler un peu plus ?

En gros, Cheef, qui est avant tout un pote, était là au tout début quand j’ai commencé à faire de la vidéo. Récemment, en marge de son groupe  « Enfants Terribles », (constitué également de Pytagor et de Dj Airmann), il a réalisé un album qui raconte une histoire au fil des morceaux. Après avoir fait un premier clip, je me suis rendu compte du plaisir que je pouvais avoir à bosser avec lui, sachant qu’il me laissait complètement carte blanche, et qu’il n’était pas regardant sur les deadlines. Avec ces deux facteurs, j’ai eu envie d’en faire plus pour aller vers des choses que je n’avais pas spécialement l’habitude de faire jusqu’à présent, mais vers lesquelles je voulais absolument aller, comme la fiction par exemple. Il faut savoir que je suis très intrigué par les fictions musicales, comme « Sister Act » ou « Flight of the Conchords », en passant par « Moulin Rouge ». C’est un peu le genre de choses vers lesquelles je compte me diriger. Le projet de Cheef était parfait pour ça. Il m’a laissé une marge d’interprétation sur son histoire et du coup on développe cette facette du projet. Xavier et Fabio de Paradoxe Mécanique, réalisent chacun un clip. Le projet sera présenté comme une suite de clips, qui formeront un court métrage de 30 minutes uniquement sur la musique de son album. Les premières images ne devraient plus trop tarder.

  • Hormis le travail concernant Cheef, quels sont tes projets futurs ?

Le projet Cheef me prend pas mal de temps, il reste encore quelques clips à faire. À l’heure où je te parle, je suis sur le montage des Rap Contenders 7. Quand j’aurai fini les clips de Cheef, l’édition 8 des Rap Contenders que je superviserai aussi au niveau de la vidéo devrait pointer le bout de son nez, ce qui devrait me tenir occupé pour quelques mois encore. Après, il se murmure un projet de court métrage en co-réalisation avec un autre réalisateur de clips dont je tairai le nom pour l’instant. (Rires)

  • Pour conclure, tu travailles sur les éditions de Rap Contenders, C’est un événement annuel d’une grande ampleur ! Comment as-tu atterri dans l’arène ?

À la base je suis assez fan de l’événement. J’y assistais donc dans le public (oui je guettais l’heure de mise en vente des tickets et faisais partie des premiers servis). (Rires) Pour la cinquième édition, j’ai fait un review de la soirée pour International Hip Hop, avec en plus une interview de Dony S dans le magazine. Je pense qu’il a vu que je kiffais vraiment ça et il m’a proposé d’être jury sur l’édition 6. Pour cette même édition il cherchait un monteur pour les vidéos et je m’en suis chargé. Et pour le RC7, après le départ de Joe le Zef, j’ai hérité de la réalisation et je m’occupe maintenant de la fabrication des vidéos dans leur totalité.

Interview réalisée par Camy

2 comments

  1. Ulysse /

    vous savez où on peut voir le projet de cheef ?

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