Boy meets girl, le premier Leos Carax

2012 a été l’année du grand retour de Leos Carax au cinéma. Après 13 ans d’absence depuis son dernier long métrage en 1999 : Pola X, Carax revenait pour nous livrer Holy Motors. Ce réalisateur secret quasi jamais interviewé repartait bredouille du festival de Cannes et des Césars en ayant reçu cependant  un succès critique indéniable.

 

Boy-Meets-GirlMais il s’agit ici de revenir sur son premier film : Boy meets girl, et se demander ce qu’était le cinéma de Leos Carax dans les années 80. Il incarnait alors le grand espoir du cinéma français. Au moment de Boy meets girl réalisé en 1984, Carax n’a que 24 ans et déjà un univers bien singulier  que l’on retrouvera par la suite dans ses films. Celui-là, tourné en noir et blanc, nous donne à voir une esthétique propre qui fait la marque de son cinéma. Boy meets girl est la rencontre entre deux êtres à la dérive, deux personnages en détresse, Alex et Mireille. On entre dans leur  histoire ou plutôt dans un univers étrange, poétique, sombre visuellement audacieux et rappelant l’âge d’or du cinéma muet (Chaplin); un univers qui emprunte aussi au genre de la bande dessinée lorsqu’on croise dans une réception mortuaire autant de personnages plus incongrus les uns que les autres. Alex et Mireille interprétés par Denis Lavant et Mireille Perrier sont deux personnages solitaires, aux blessures d’amour pas refermées, au spleen infini bref des personnages on ne peut plus poétique dans un monde où l’incommunicabilité est prégnante.

« Peut-être que l’on parle et que les autres n’entendent pas… »

Une atmosphère que le spectateur retrouvera dans Les Amants du Pont-Neuf en 1991. On découvre alors celui qui sera le comédien fétiche du réalisateur, Denis Lavant, qui campe « un autiste bavard » dixit Carax, face à une Mireille Perrier très photogénique. Le film éblouit sans aucun doute par sa beauté visuelle illustrant un propos assez amer sur la jeunesse de l’époque. Carax est à la fois un héritier du cinéma du muet qu’il affectionne particulièrement et un novateur, témoin de son époque. Pour revenir sur le mystère que suscite Leos Carax chez les cinéphiles, sur son absence médiatique, lui-même dit qu’il n’a pas besoin de parler de ses films, ses films parlant pour lui. Et en effet, les films de Carax et celui-ci en particulier livrent autant d’ingrédients sur le cinéaste, ses goûts, ce qu’il est, ce qu’il aime. Dans ce film la musique joue un rôle important; on le savait fan de David Bowie et c’est donc naturellement qu’il y intègre « When I live my dream » lors d’une scène mémorable où Alex casque sur les oreilles marche dans Paris et croise deux amoureux qui s’embrassent et leur jettent une pièce, comme pour saluer leur amour. Alex vole aussi des disque de Barbara, Mireille entonne « Dis quand reviendras-tu? » en pensant à son amant perdu. Alex lui répond « les amoureux sont crevés ». Ce film parle finalement d’une jeunesse en mal d’amour, triste et désenchantée et s’il fallait retenir une phrase dite par Alex  qui résume les intentions et les préoccupations du réalisateur : « la passion est partout, mais elle s’épuise dans les petites choses ».


Boy meets girl – Un film réalisé par Leos Karax sorti le 21 novembre 1984 – Durée : 1h40

Avec Denis Lavant (Alex), Mireille Perrier (Mireille), Caroll Brooks

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