L’Événement à l’Arvor

Le long-métrage L’événement d’Audrey Diwan, adapté du roman d’Annie Ernaux,  Lion d’or de la Mostra de Venise 2021, sera projeté le jeudi 27 janvier à l’Arvor à l’initiative du Planning familial 35. Il évoque la violence des avortements clandestins dans les années 60 et le chemin solitaire  pour y parvenir. Pour prendre sa vie en main. Pour échapper au déterminisme social. Pour accéder à l’écriture. Envers et contre toustes. 


L'évènement

Au début des années 1960, Anne, étudiante en lettres, apprend qu’elle est enceinte. Le géniteur vit à Bordeaux. Elle doit assumer seule une grossesse non désirée. Anne veut poursuivre ses études et ne pas subir une existence de labeur comme ses parents, modestes bistrotiers. Elle décide d’avorter. Commence un parcours de combattante. Où elle devra se battre contre le secteur médical et une société rétrograde qui punit d’emprisonnement les avortements clandestins. À moins d’une qualification de fausse-couche. La liberté sur un coup de dés. Et une volonté et une pugnacité frontales pour parvenir à ses fins.

3680466L’événement, c’est d’abord le regard de profil de la comédienne Anamaria Vartolomei sur l’affiche du film. Son regard qui fixe et fronde. Son regard qui transperce. Son regard qui dit qu’elle ne reculera pas. Que personne ne détournera ce regard de son objectif. Que celleux qui déversent leur jugement dans ce regard ne l’arrêteront pas. Ce regard revendique qu’il déchirera l’image de la femme gelée dans une époque rétrograde. Ce regard affirme une femme illimitée dans ses désirs et dans ses choix. Dans la peau d’Anne, Anamaria Vartolomei habite l’ensemble des plans, cadrée serrée ou de dos, silhouette gracieuse et naturelle au milieu du champ de bataille des interdictions, une fille en avance sur son époque, qui assume ses désirs sexuels et ses choix de vie. Une guerrière dans un monde réactionnaire où les jeunes femmes qui souhaitent avorter sont passibles de prison et leurs soutiens, accusés de complicité. Anne ravale ses pleurs. Elle assume. Elle se débrouille. Un film à larmes blanches sur le choix des femmes à décider de leur corps.

La réalisatrice Audrey Diwan apporte un regard fidèle, moderne et épuré au roman d’Annie Ernaux. De son histoire vraie. La caméra de la réalisatrice suit le corps en mouvement d’Anne pendant trois mois. De l’annonce de sa grossesse à son avortement. De son doux visage frondeur au sortir de l’adolescence aux plis de la souffrance d’adulte. L’événement est un film éprouvant, intime et solaire dont on se remet difficilement. Dont on ne se remet peut-être pas. De cette rencontre nécessaire avec Anne. Tant son combat raisonne avec notre époque et les menaces rémanentes sur le droit d’avorter. De ses cris in fine qui explosent, cognent et figent encore les pensées le lendemain. De cette douleur dans le ventre des femmes qui replie sur soi, serre les poings et ferme les yeux dans le noir de la salle, de sa vaillance, de son courage, de sa volonté, de sa lumière retrouvée. De son émancipation féministe et sociale par le prisme de l’écriture. « Je veux un enfant mais pas en échange d’une vie », dit Anne. Écrire et être soi. Écrire la vie. Femme et debout.

Projection du film L’événement d’Audrey Diwan jeudi 27 janvier 2022 à 20 h 15 au cinéma l’Arvor. Durée 1 h 40. Avec Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Luàna Bajrami. L’avortement reste aujourd’hui encore un droit à défendre. Défenseur de ce droit essentiel, le Planning familial d’Ille-et-Vilaine propose un temps d’échange et de débat après la projection du film d’Audrey Diwan.

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