Au revoir là-haut, drame français de (et avec) Albert Dupontel : Un voyage d’un siècle en arrière, remontant à un temps* que les moins de 120 ans ne peuvent pas connaître.
La Der des der fut une impitoyable boucherie. Les va-t-en-guerre de tout poil et toute chapelle seraient bien inspirés de visionner les premières scènes d’Au revoir là-haut pour se remettre en mémoire les dégâts causés par la déflagration sans quartier des obus qui pilonnaient les tranchées boueuses où se terraient les Poilus.
Lorsque la guerre s’achève, tous les comptes ne sont pas soldés. Fils défiguré de Marcel Péricourt, homme d’affaires tout-puissant qui finança les combats (Niels Arestrup, toujours très bon dans les rôles de vieux salaud malin comme douze singes), Édouard Péricourt (Nahuel Perez Biscayart) a une revanche à prendre. S’associant à un frère d’arme, le soldat Albert Maillard (Albert Dupontel), avec qui il partagea l’enfer de la guerre, Édouard « la gueule cassée » monte un stratagème pour escroquer l’État et les communes désireuses de commémorer leurs morts avec des monuments dédiés à ceux qui ont fini les tripes à l’air sont tombés au champ d’honneur.
Louise, Édouard et Albert entament une danse de la joie après le bon tour qu’ils ont joué…
On avait déjà vu l’Argentin Nahuel Perez Biscayart dans le très engagé et secouant 120 battements par minute de Robin Campillo (qui a le courage dans un film grand public de mettre en lumière le combat pour les droits des homosexuels et de montrer à l’écran des scènes d’amour crues**, avec un séropositif, dont on suit l’agonie tragique, à l’époque de l’affaire retentissante dite du « sang contaminé »). On le retrouve ici en dandy sous morphine, qui reprend vie grâce aux soins que lui prodiguent Louise une jeune orpheline (Héloïse Balster) et Albert, le troufion au grand cœur. Il va retrouver un semblant de dignité grâce aux spectaculaires masques faciaux qu’il se fabrique sur-mesure.
Chef-d’œuvre du cinéma français, adapté du prix Goncourt éponyme de Pierre Lemaitre (Éditions Albin Michel, 2013), Au revoir là-haut élève à son pinacle le septième art, en offrant quelques très bons rôles (à Laurent Lafitte, ici en odieux lieutenant sans vergogne reconverti en profiteur de guerre, ou à Philippe Uchan en maire drôlatique aussi obséquieux que crétin…).
* En un temps où il y avait encore des hommes-sandwichs, munis de pancartes en bois sur lesquelles on pouvait lire des réclames pour du bon tabac.
** Sodomies sensuelles lors de nuits blanches endiablées et branlettes de grabataire moribond à même de faire défaillir Christine Boutin et consorts.
Au revoir là-haut, drame français de (et avec) Albert Dupontel – Avec Niels Arestrup, Nahuel Perez Biscayart, Laurent Lafitte (de la Comédie-Française), Philippe Uchan, Émilie Dequenne, Mélanie Thierry, Héloïse Balster, Michel Vuillermoz… Musique de Christophe Julien – Costumes de Mimi Lempicka – Masques de Cécile Kretschmar – Durée : 1h57 – Sortie le 25 octobre 2017.