Enfin des bonnes nouvelles de Vincent Glenn : un p’tit film à la fois marrant et très sérieux, candide et percutant, sur l’éthique nécessaire (la phronésis chère à nos amis grecs antiques) pour créer un monde plus harmonieux.
C’est l’histoire (hilarante) d’un réalisateur au chômage et dépressif qui fait un documentaire (filmé par un cameraman sans emploi) sur la crise, la pauvreté, l’économie, la richesse. Et il est le héros, ou du moins le personnage central, de ce reportage.
L’astuce, c’est qu’au cours de ce reportage un peu cheap, il va profondément changer – et devenir un créateur de start-up interplanétaire bientôt milliardaire, grâce à une application mobile, Vigi’s, qui évalue l’éthique des producteurs de biens de consommation et dont s’emparent les consommateurs – ce qui fait trembler les producteurs effarouchés par cette puissance donnée aux consommateurs. Pour un changement, c’en est un – on en entendrait presque Emmanuel Macron applaudir à tout rompre, à cette mue inopinée qui transforme l’existence d’un serial loser en une incredible success-story… Néanmoins, même si l’ivresse du succès et de la fortune incommensurable l’aveuglent durant un laps de temps (les putes, les lunettes noires, la solitude, les voyages incessants, tout ça), Vincent va vite revenir aux valeurs humaines fondamentales (de gauche) qui sont les siennes.
C’est toujours bon à savoir : 1 million d’euros en billets de 500 représentent un poulet de 2,2 kg.
Et c’est ce qui fait de cette comédie française imbibée de l’air du temps (Nuit Debout et les Indignés sont remerciés dans le générique de fin) une œuvre pleine de sens sur l’économie, hélas souvent opaque, d’aujourd’hui. On y parlera d’utopies profondément socialistes dont on se demande encore chaque matin pourquoi elles n’ont pas encore été mises en place depuis belle lurette (partage des richesses, lutte contre la grande précarité, entraide, mécénat, philanthropie, remise en question des dogmes néo-libéraux basés sur la croissance infinie du PIB) et par les temps qui courent, ça rafraîchit.
Enfin des bonnes nouvelles de Vincent Glenn, dans la lignée de Merci Patron de François Ruffin, de Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion ou de I Daniel Blake de Ken Loach, creuse ainsi le sillon aussi fertile que réjouissant d’un cinéma intelligent qui éclaire les écueils (pour pas qu’on s’y drosse) et propose en sus quelques clés universelles pour avancer joyeusement vers des horizons qui pépient.
Enfin des bonnes nouvelles, comédie française de Vincent Glenn – Avec Vincent Glenn, Nicolas Le Quang, Frédéric Riclet et… Laurence Parisot (qui joue son propre rôle en faisant l’éloge du sens de l’innovation des fondateurs de Vigi’s) – Musique de Fantazio – Produit par la coopérative Direction humaine des ressources (DHR) – Sortie le 30 novembre 2016 – Durée : 1h30.