Florilège de bandes dessinées #1

Besoin de lectures supplémentaires ? Petite sélection de fin d’année en bandes dessinées (liste non exhaustive).

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Je ne partirai pas. Mon histoire est celle de la Palestine – Mohammad Sabaaneh


 

S’il y a une bande dessinée qui résonne tristement avec l’actualité sur cette fin d’année, c’est la traduction de Je ne partirai pas. Mon histoire est celle de la Palestine. Un livre tout en gravures, où un oiseau vient raconter des histoires à un prisonnier qui les dessine ensuite. Des histoires de la colonisation, de la douleur et de la mort, dans un livre qui porte malgré tout la poésie avec une force rare, et délivrant une véritable claque graphique. Entièrement en noir et blanc, les 128 pages de l’illustrateur palestinien Mohammad Sabaaneh, qualifié de maître par Joe Sacco*, racontent un pays, et la lutte d’un peuple qui ne partira pas.

* On peut relire pour l’occasion Gaza 1956, en marge de l’histoire (Futuropolis, 2009).

Alifbata – 128 pages – 8 septembre 2023 -

 

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Une petite lumière – Grégory Panacionne


 

C’est à une promenade graphique parmi les arbres, un voyage dans des crépuscules et une dose de fantastique que nous convie cette fois Grégory Panacionne. Deux ans après Quelqu’un à qui parler, l’illustrateur met en scène un vieil homme installé dans un hameau abandonné à la montagne ; sur le versant d’en face, une petite lumière apparaît chaque soir. Surgit alors une rencontre, et une aventure qui se transforme en conte sur la vie et la mort.  Une adaptation du roman éponyme d’Antonio Moresco réussie, et un enchantement pour les yeux. (À noter que le livre a aussi été adapté en film en 2018 par Fabio Badolato et Jonny Costantino)

Delcourt – 248 pages – 10 mai 2023

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Le Grand incident – Zelba


 

Imaginez qu’un beau jour, les femmes des tableaux et sculptures du musée du Louvre disparaissent, excédées des regards, réflexions et agissements du public, notamment envers leur nudité. Imaginez que la seule à comprendre cet étrange phénomène soit une femme de ménage du musée. Imaginez que la solution trouvée soit que le public masculin visite les lieux… nu ! Voilà le propos de Zelba dans Le Grand incident, qui vient tacler le male gaze avec une dose d’humour et d’histoire de l’art. Une bande dessinée satirique qui se déguste avec plaisir pour flâner parmi les œuvres et cell·eux qui les font vivre.

Futuropolis – 128 pages – 23 août 2023

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Jim, lettre d’amour à mon chien – François Schuiten


 

C’est un livre en guise d’adieu, en guise d’hommage, une déclaration d’amour d’un maître en deuil à son chien, Jim. Bouleversé par la mort de son compagnon à quatre pattes, François Schuiten se met alors à le dessiner, à repasser le le film de cette vie à deux, à affronter la solitude, ce qui lui manque de ce lien, cette compagnie qui aura duré 13 ans. Chaque jour un croquis, une anecdote, un moment de vie pour rappeler la présence et amoindrir l’absence. En fin d’ouvrage, des planches signées de ses amis illustrateurs viennent prolonger ce souvenir. Un beau livre sensible à lire dans le sens du poil.

Rue de Sèvres – 128 pages – 30 août 2023

 

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Rosigny zoo – Chloé Wary


 

Quatre ans après Saison des roses qui faisait incursion dans le milieu du football féminin, Chloé Wary revient cette fois-ci avec la danse hip-hop. On se retrouve toujours à Rosigny-sur-Seine, et il est de nouveau question d’occuper le terrain, cette fois dans la rue. Quels espaces pour les gens et ce qui les anime dans des villes en perpétuel mouvement, entre démolition et gentrification ? Comment éviter les écueils de la récupération politico-culturelle ? Toujours à grands coups de feutres colorés, Chloé Wary interroge nos rapports sociaux entre genre et classe, sur fond de toile urbaine. Une réussite tant sur le fond que dans la forme dynamique et percutante.

Flblb – 288 pages – Août 2023

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Global Police – Florent Calvez, Fabien Jobard


Global police voyage dans l’espace et le temps pour donner des clés de compréhension de ce qu’a été, ce qu’est, et ce que devient la police aux quatre coins du globe. Au scénario, Fabien Jobard, sociologue spécialiste de la question, accompagné ici au dessin par Florent Calvez. Alors que les publications, qu’elles soient documentaires ou fictionnelles (livres, vidéos, films) ont augmenté ces dernières années, l’ouvrage a le mérite de revenir sur des points de départ, et de dérouler en différents chapitres (Des modèles de police ?, Police et politique, La police du futur) divers points d’interrogations, dont les réponses restent encore à écrire.

Delcourt – 192 pages – 20 septembre 2023

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Pépille – Laëtitia Rouxel


 

Après la biographie de Nathalie Lemel (Des graines sous la neige, Locus Solus, 2017), puis Les deux mains dans la terre avec Jaques Caplat (Actes Sud, 2021), l’illustratrice bretonne Laëtitia Rouxel continue de creuser son sillon en partant cette-fois ci à la construction d’un espace qui « renoue avec le vivant » comme le suggère Baptiste Morizot. On suit alors les aventures de Lilith, quarantenaire et jeune maman, qui veut faire rimer écologie avec abondance, sobriété avec joie, et c’est dans un trait plus léger qu’à l’accoutumée et joliment aquarellé que nous entraîne cette Pépille dans cette volonté de sylvilisation (et qui donne bien envie d’aller planter des arbres).

Actes sud – 128 pages – 4 octobre 2023

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Grande Échappée – Bérengère Delaporte


Dans la collection Poes’trip, il s’agit de la transposition d’un poème en bande dessinée ; l’illustratrice Bérangère Delaporte a choisi La Panthère de Rainer Maria Rilke. Et ici, la panthère est un animal enfermé, mère de famille. Avec un point de départ prenant place dans un zoo, l’autrice décortique les rapports de domination, de violence morale, insidieuse et discrète, se jouant à huis-clos dans le cercle intime lorsque la fille ouvre les yeux de sa propre mère. Avec seulement quelques touches de couleurs et un trait rapide, représentatif des scènes qui se jouent, c’est ici une histoire d’émancipation que cette Grande échappée, révélatrice de nombreux rouages du patriarcat.

Nathan bd – 80 pages – 7 septembre 2023

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De l’air – Gabrielle Piquet


Gabrielle Piquet a un trait bien singulier dans le monde de la bande dessinée française ; un univers aussi, qui flirte avec la légèreté, l’absurde et le rêve. Avec De l’air, sa première publication avec de la couleur et deux ans après reçu le Prix de l’audace à Angoulême en 2021 pour La Mécanique des sages, on se trouve ici entraîné avec un duo farfelu d’artistes (Janis et Jonas), un enfant qui s’envole, dans des décors aux détails exigeants. Véritable souffle d’air libre, de joies de la solitude ou de la force onirique et créatrice, à l’image de San Giuseppe Da Copertino, ne serait-il pas possible nous aussi de nous envoler en lisant Gabrielle Piquet ?

Seuil – 112 pages – 3 novembre 2023

 

 

Mais aussi : La Vilaine numéro 5 // Au cœur des solitudes – Lomig // La part du feu – Nino Builling (6 septembre 2023 – Cambourakis) // Femme, vie, liberté – Collectif, sous la direction de Marjane Satrapi // Circuit Court – Claire Malary (dessin) et Tristan Thil (scénario) (4 octobre 2023 – Futuropolis) // Jumelle – Florence Dupré la Tour (2023 – Tomes 1 & 2 – Dargaud)

 

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