Journal d’un corps – Daniel Pennac

Est-il encore utile de présenter l’écrivain Daniel Pennac, connu notamment pour la saga Malaussène ? Qu’importe après tout que vous ayez déjà lu certains de ces ouvrages pour découvrir son dernier roman Journal d’un corps.

Un homme laisse à sa fille Lison un carnet en héritage. Mais pas n’importe lequel, le journal de son corps, des détails physiques pour analyser des sensations, le parcours d’un homme à travers sa chair. Comme il le dit à l’âge de 13 ans, 1 mois et 8 jours « Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d’autre chose ». Ce petit garçon n’a pas tort, après tout dans notre société où tout va si vite, où beaucoup de sujets sont tabous, où il faut être performant et souriant, ne nions nous pas bien souvent, des douleurs physiques, ne cachons nous pas, voire n’excluons nous pas notre rapport à ce qui finalement ne nous lâche pas d’une semelle toute notre existence, à savoir notre enveloppe charnelle ? Même si Pennac ne joue pas forcément sur ce terrain, il pose les bases d’une réflexion sur le sujet avec un scénario pareil.

“13 ans, 1 mois, 14 jours. Mardi 24 novembre 1936.
Notre voix est la musique que fait le vent en traversant notre corps.
(Enfin, quand il ne ressort pas par le bras)”

Avec une écriture abordable sans pour autant être dénuée de style, Daniel Pennac s’attaque donc, de manière non autobiographique, à entamer ce journal intime d’un narrateur qui va écrire méticuleusement son évolution physique de ses 13 à 87 ans, âge de sa mort. Initiative risquée pour l’auteur, de ne pas tomber dans la chronique médicale et dans la répétition. Mais c’est avec beaucoup de poésie et pas mal d’humour qu’il prend la thématique.. à bras le corps. Il termine même l’ouvrage par un index digne d’un petit manuel médical et familial, renvoyant à différentes parties du corps et du même coup, à différentes sections du livre. Inventant un jeu de l’oie du dépucelage, évoquant autant les problèmes gastriques que les évènements familiaux, l’écrivain s’amuse, angoisse, écrit avec finesse et sincérité en intercalant quelques notes à l’attention de sa fille, et ce jusqu’au jour de son décès. Ce Journal d’un corps nous renvoie avec tendresse à nos propres doutes physiques, et s’avère surtout être une lecture plus passionnante qu’une encyclopédie de l’anatomie.

Journal d’un corps – Un roman de Daniel Pennac paru chez Gallimard le 9 février 2012

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