Le retour des Vilain·es

L’équipe de La Vilaine, la fameuse « revue dessinée en bande », est en résidence à l’Hôtel Pasteur jusqu’à mi-juillet. À l’occasion du lancement de la traditionnelle campagne de financement, les auteurs Loïc Gosset, Ismaël Hadour et Pierre Bunk se remémorent les débuts tout en distillant quelques détails sur le cinquième numéro à paraître en septembre.

 

La légende raconte que fin 2017, Loïc Gosset et Lomig, attablés autour d’une bière (ou un peu plus selon les variantes), partagent leurs désirs secrets : le premier rêve de donner naissance à une publication collective avec ses copains et copines, dans l’esprit fanzine, le deuxième de fédérer une communauté autour de la pratique de la bédé à Rennes. Complices dès le début de l’aventure, Chloé Gwinner, journaliste, et Maryse Berthelot, autrice, se penchent sur la marmite, la potion prend et ainsi naît le collectif La Vilaine.

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Loïc Gosset et Ismaël Hadour

Les quatre « pères fondateurs et mères fondatrices » font jouer leurs réseaux respectifs pour créer une première rencontre d’auteurices à l’Amaryllis. Franc succès. « Les chiffres divergent selon l’époque à laquelle on raconte l’histoire – ou selon les syndicats et la police ! – mais on s’est retrouvé à plus de 80 personnes à l’étage du bar. On ne soupçonnait pas qu’il y ait autant de gens à pratiquer la bande dessinée à Rennes ».

Nous sommes alors début 2018, et le premier numéro sortira en septembre 2019. « Une gestation relativement longue, ce qui est normal puisqu’on est passé de l’idée d’une publication collective sans ambition autre que de faire un truc cool ensemble, à un objet éditorial ambitieux de 200 pages, en couleur, un peu classe. Forcément ça a demandé un peu de travail. Quand on a empilé assez de bandes dessinées pour faire une revue, on a sorti le Numéro 1. »

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« La Vilaine a permis de sociabiliser les auteurs et les faire se rencontrer, tout simplement. »

Depuis lors, le collectif rencontre la gloire, fédère une joyeuse communauté, et fort de ce succès, trois autres volumes sont venus remplir les étagères des lecteur·rices au fil des années. Le premier et le deuxième sont épuisés en librairie (mais il se murmure que quelques exemplaires rescapés du circuit de la revente sous le manteau seraient à gagner pendant la résidence). Tel un phare dans la nuit, la Vilaine est devenu un point central, sortant les auteurices de bande dessinée locaux·ales de leurs sombres ateliers. « C’est assez solitaire comme pratique. La Vilaine a permis de sociabiliser les auteurs et les faire se rencontrer, tout simplement. » Et d’accompagner celles et ceux qui candidatent au moment fatidique de l’appel à projets, vers décembre. « Tous les mois on les invite à rencontrer les créateurs de la revue, présenter leurs projets, qu’on puisse répondre à leurs questions autour d’un verre. C’est surtout pour voir les gens en vrai et avoir une première étape de suivi, plutôt qu’échanger seulement par mail. Surtout pour les nouveaux venus ».

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Alors, à quoi s’attendre pour ce #5 ? À une ligne éditoriale plus stricte, déjà, avec quatre rubriques définies dès l’appel à projets. Les candiadat·es ont écrit leur histoire avec une contrainte supplémentaire, en plus de celle, immuable, stipulant que l’action se passe à Rennes et sa périphérie.

Pour la rubrique « Rennais·es », une nouvelle aventure commence. « On s’est dit qu’on avait fait le tour de ce qu’on avait à dire avec les personnages des quatre premiers numéros. On a une nouvelle histoire, écrite par Thomas Noceri. On va la découper en tronçons, avant la grande vente aux enchères pour les filer aux dessinateurices prévu·es pour cette rubrique ! »

« Mondo Bizarro », nouvelle venue, promet du sang et des décibels ! « Un esprit horreur et rock ‘n’ roll, avec une thématique horrifique bien marquée. » Une playlist composée de morceaux choisis par chaque auteurice accompagnera cette rubrique, « l’enclave hardcore de la Vilaine ».

Une période précise a été choisie pour la rubrique historique « Colombages ». « C’est le XVIIIᵉ qui l’a emporté, apparemment certains avaient envie de dessiner de la grosse perruque ! Il y a aussi le grand incendie de Rennes à cette période, ça a inspiré. »

Les participant·es à l’expérience collaborative appelée « Confluence(s) » se sont vus proposer un incipit commun à interpréter à leur manière. « Cette fois on sera dans un registre d’heroic fantasy, avec un récit à contraintes ».

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Depuis début mai, cette joyeuse bande se retrouve donc entre les murs de la blanchisserie/teinturerie de l’Hôtel Pasteur, qui se couvrent petit à petit de gribouillis. En cette période de bouclage et de lancement, ils suintent aussi de l’ébullition des cerveaux. « Depuis le premier numéro on cherche un endroit où se retrouver à plusieurs. Là c’est parfait, c’est absolument central. Avec les différents moments qui accompagnent le bouclage, ça nous permet d’avoir une zone où travailler ensemble et sur nos propres projets pour faire avancer la sortie du livre de façon plus efficace. »

On ne va pas se mentir, La Vilaine n’est pas (encore) au Cac 40. L’équipe est bénévole, la revue fonctionne en auto-édition et l’idée est de pouvoir rémunérer celles et ceux qui la font. La pertinence d’imprimer désormais 3 000 exemplaires dès le lancement (alors que le coût du papier explose) repose sur le degré d’impatience du lectorat. D’où le retour de la campagne Ulule, un moyen de le sonder. « Et surtout ça nous permet d’amener un peu d’air en trésorerie ! » Depuis deux numéros les ventes permettent tout de même de rétribuer les auteurices à hauteur de la moitié du budget total, le reste étant destiné à l’impression et à l’organisation d’événements.

Il est donc temps de mettre la main à la poche ! Comme à l’accoutumée cette cinquième collecte s’accompagne de chouettes contreparties, dont des ex-libris signés numérotés, des couvertures en série limitée, mais aussi la cuvée spéciale de la brasserie du Vieux Singe illustrée par quelques Vilain·es. « À chaque lancement on a notre recette exclusive. Ce sont des copains, nous on aime la bière mais on ne sait pas la faire, eux aiment la BD mais ne savent pas la faire, alors comme ça on se retrouve ! »

Dans l’idée d’avoir un lieu où récupérer les goodies Ulule et se retrouver au moment de la sortie du numéro 5, l’équipe investira le Pavillon du projet à la Courrouze. « On est sur plusieurs dossiers pour les événements de rentrée. On ne peut pas en dire plus pour l’instant mais on fera des trucs comme à chaque fois, pour que les gens viennent nous voir, boire un coup, et découvrent la revue ! »

Et bien sûr, la Vilaine sera fidèle aux prochains rendez-vous des bédéphiles : le festival Formats à Augan, L’Ouest Hurlant à Rennes, Pré en Bulles à Bédée, Quai des Bulles à Saint-Malo et en attendant de les retrouver sur divers événements rennais, passez donc leur faire un coucou chez Pasteur !

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