Connexion en beauté et en profondeur(s)

Kae Tempest est poèt·e, écrivain·e, slammeus·e et musicienn·e. Avec l’essai autobiographique Connexion, iel invite à la créativité, au partage des émotions, à l’empathie et au lâcher-prise. Inspiré·e et inspirant·e. En beauté et en profondeur(s).

connexionL’écriture, la lecture et la scène, voilà la sainte trinité de Kae Tempest, grand·e prêtre·sse du spoken word. En une connexion  littéraire universelle, iel convoque avec des mots affutés et contemporains, les minorités qui partagent ses combats LBGTQI+, ses sœurs et frères d’armes mais également les privilégié·es à la route dégagée, imperméables à ses engagements. Au-delà du genre et des classes sociales, Kae Tempest dialogue avec l’humain ici et maintenant. « La créativité désigne l’aptitude à s’émerveiller, l’envie de réagir à ce qui nous bouscule. C’est un acte d’amour quel qu’en soit la nature ». L’émerveillement passe par le bais de l’art ou d’une zone qui résonne en soi, propre à tous les individus. Un réveil salvateur quand l’ordre établi compte sur l’apathie pour mieux consommer. Un appel à la vigilance face aux inégalités qui gangrènent la société. L’écrivain·e nous incite à absorber la poésie de l’instant « qui remet tout le monde au même niveau » pour tomber les masques, les gestes barrières et la distanciation sociale. Ode au langage à nu qui exalte notre humanité. Parce que « ce qui nous connecte pèse plus lourd que ce qui nous divise ».

Quand la connexion s’établit, tout est relié et converge vers un moment d’émotion partagée, vers une affinité créatrice qui arrime chaque personne à un présent vécu comme une expérience collective.

Julian Broad/Editions de L'OlivierL’acuité des réflexions  de Kae Tempest trouve un son, une musique, un écho dans chacun de nos ventres. Même dans les ventres remplis de pierres. Surtout dans les ventres remplis de pierres. Recentrage des profondeurs, vertus de l’immatériel,  changement de focale. Écouter. Regarder. Créer. S’ancrer dans les détails. Imprimer chaque scène du quotidien. Accorder de l’attention aux histoires des autres. Inspirer à pleins poumons cell·eux qui nous entourent. Par le truchement de l’art, expirer la matière noire  qui obstrue la respiration. Inhaler à pleine joie la substantifique moelle des vivant.es. Humer, déguster, savourer chaque ligne de Kae Tempest et sa si précieuse lucidité au cœur de nos émotions intimes. Lire ses mots à voix haute et imprégner le monde de son flow étourdissant, notamment dans le poème qui achève l’essai. Pour ne pas sombrer. Ou même lorsque l’on perd pied. Dans ces zones confuses de déconnexion cérébrale, l’apathie ne dure pas. La connexion existe toujours. « L’être humain ne peut et ne pourra jamais se priver de jeu, de créativité, d’introspection et d’expression personnelle », nous dit Kae Tempest. Ce message d’espoir-là constitue le vaccin le plus efficace contre tous les virus !

 

C’est la capacité de rejeter, de faire reculer  « nos » normes dans la société en général qui crée la contre-culture, qui contient les germes du changement. Ne sois pas trop dur envers toi-même. Tu ne peux pas être tout le temps dans la réalité du moment. Quand la situation devient floue, change de focale.  Tu ne peux pas changer de focale ? Alors n’en change pas. « Je dois », ça n’existe pas. « Il le faut », ça n’existe pas. Simplement, « j’essaie ». « Je choisis ».

Connexion – Un essai de Kae Tempest – Paru  le 8 avril 2021 – Éditions de l’Olivier – 144 pages – 14,50 €

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