Petite fille le dernier film de Sébastien Lifshitz, aurait dû sortir en salle mais pour des raisons que nous n’évoquerons pas, il sera diffusé en avant-première sur Arte le mercredi 2 décembre. Nous tenions à le soutenir parce que les documentaires du réalisateur sont des élixirs de bienveillance, vertu nécessaire en ces temps obscurs. Petite fille évocation délicate et émouvante de Sacha, enfant·e transgenre scolarisée en CE1 dans une petite commune de l’Aisne.

Dans le magnifique Adolescentes sorti en septembre 2020, la camérascope du réalisateur Sébastien Lifshitz suivait pendant cinq ans l’évolution de deux jeunes filles de 13 à 18 ans dans une ville de province. Portraits sans fard ni masque d’un passage à l’âge adulte. Avec Petite fille, une nouvelle fois, le réalisateur capte au fil du temps, avec simplicité, la lumière et l’humanité des êtres du quotidien. Sacha, 8 ans, ne parvient pas à trouver sa place à l’école ou dans la société. Sa famille, rempart infaillible, la soutient avec amour et compréhension et mène un combat vent debout pour son accomplissement. Sa maman Karine, notamment, se bouge sur tous les fronts, avec l’aide d’une pédopsychiatre de l’hôpital parisien Robert-Debré, pour qu’une croix dans la case « masculin » d’un formulaire administratif n’empêche pas sa fillette née dans le mauvais corps de vivre une enfance normale.

Petite fille est un portrait délicat, pudique, sensible, frondeur, pédagogique, bouleversant, une ode à l’écoute et à la tolérance sur fond musical de Jocelyn Pook, Debussy, Ravel, Dvorak ou encore Vivaldi. Merveilleusement filmé avec la pudeur nécessaire mais aussi poignant dans les silences de Sacha, son chagrin palpable, la difficulté à choisir les mots du ressenti. Pour Sacha, être une petite fille, c’est maintenir ses cheveux longs en arrière avec un élastique, se laisser porter par le vent en bord de mer en maillot deux-pièces, murmurer des secrets d’une voix fluette à sa meilleure amie en jouant à la poupée. Sébastien Lifshitz l’accompagne au fil de ces petits moments qui forment une identité. La famille de l’enfant·e gagne son combat contre le sectarisme scolaire désincarné (l’école, ses encadrants et les professeurs n’apparaissent pas à l’image). Elle perd face à une porte claquée avec violence et humiliation par une professeure transphobe dans un cours de danse. Nul doute que Sacha remportera d’autres victoires portée par l’amour viscéral de ses proches, la confiance gagnée au fil des années et « parce qu’il ne faut pas se laisser faire par des imbéciles, il faut se défendre » comme l’affirme son petit frère. A diffuser largement dans les sphères publiques afin que des enfant·e·s ne baissent plus des yeux pleins de larmes pour affirmer leur genre.

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