Des trucs très beaux – N° 3 mythologie

Après Stig Dagerman et Souad Labizze, nous poursuivons nos propositions de lecture format court en compagnie des dieux de la poétesse, rappeuse et dramaturge Kate Tempest. Son recueil Les nouveaux anciens a été publié pour la première fois en 2013 et réédité en 2017. C’est un truc très beau qui contient tout*.

 

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Parce que plus que jamais nous avons besoin de mots. De mots qui scintillent, de mots qui rassurent, de mots qui aiment,  de mots qui fleurent,  de mots qui larment, de mots qui tranchent, de mots qui heurtent, de mots qui cuttent, de mots qui démangent, de mots qui vacillent, de mots gravés, de mots séculaires, de mots mythologie. Qui ont vu, voient et verront couler le mascara des dieux.  Nous sommes ces dieux. Nous sommes Les nouveaux anciens du recueil-poème de Kate Tempest. Avec des mots à scander à haute voix.

« Mais comment expliquer cette façon de nous haïr,
comment expliquer ce que nous avons fait de nous,
la façon dont en deux, nous nous brisons,
la façon dont nous nous compliquons ce nous ?
Nous sommes pourtant toujours mythiques.
Coincés pour toujours entre le pitoyable et l’héroïque.
Nous sommes encore divins ;
C’est ce qui nous rend si monstrueux »

« Aux temps anciens, les mythes étaient ces histoires qu’on utilisait pour se raconter » écrit Kate Tempest. Aux temps nouveaux, ces histoires se racontent à travers la plume-poésie de la rappeuse poète. Les nouveaux anciens, sublime incantation de poésie pure autour de destins croisés qui s’achève dans une prose-tragédie dans un bistrot sordide. Entre temps, des couples Kevin, Jane, Mary et Brian et des enfants qui deviennent des jeunes gens Clive, Tommy et Gloria, des flows de maux, des mites dans le destin, des sentiments qui ruissellent sur les gouttières, une mythologie engagée et enragée. Une fille des villes qui scalpe avec ses mots les illusions des temps modernes. Urbaine Dead Squaw.

« Néanmoins,
les mythes dans cette ville racontent depuis toujours la même histoire  −

racontent qu’il nous faut juste appartenir à quelque part ;
qu’il nous faut juste savoir distinguer le bien du mal et
qu’il nous faut juste lutter pour trouver par nous-même
notre camp.
Nous avons tous besoin d’aimer,
d’être aimés
et de ne pas lâcher.

Notre morale s’apprend toujours par l’expérience
acquises dans ces villes dans toute leur rage et leur ennui,
oui −
nos couleurs sont passées et grises
mais nos batailles se jouent malgré tout,
et nous sommes toujours mythiques ;
appelez-nous par nos noms.

A L.

Les nouveaux anciens, de Kate Tempest – L’arche éditeur – 62 pages – 12 €

* Pour reprendre le titre d’un recueil de lettres de Neal Cassady paru aux Éditions Finitude.

 

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