Cuban network, d’Olivier Assayas

Cuban network : un film pour battre en brèche quelques préjugés anticommunistes et anti-cubains (qui ont la vie dure).

ramirez

Dans les années 1990 (et ce depuis 1962 et l’épisode de la Baie des Cochons), l’île de Cuba est sous embargo américain. Les USA supportent mal la présence de cet îlot rouge, car Cuba est sous la férule, depuis 1959, du communiste révolutionnaire Fidel Castro (1926-2016). Des Cubains qui quant à eux supportent mal le régime cubain castriste fuient l’île et trouvent refuge en Floride. Parmi eux, on trouve, notamment au sein de la Cuban American National Foundation (CANF), des contre-révolutionnaires prêts à tout pour reconquérir l’île et y réinjecter la bonne dose d’ultralibéralisme sauvage qui leur semble faire défaut. Parmi leur éventail tactique (éventuellement financé par le juteux trafic international de produits stupéfiants), en vue de cette reconquête, il y a la diffusion de tracts anti-communistes dispersés par avion au-dessus de La Havane ; il y a le secours en mer puis l’accueil fraternel à Miami des réfugiés cubains qui s’exilent ; il y a aussi la préparation d’attentats contre des infrastructures hôtelières afin de déstabiliser l’économie cubaine, basée en grande partie sur le tourisme, et précipiter la chute du régime castriste.

Pour contrer ces activités contre-révolutionnaires, le pouvoir cubain a donc fort à faire. Cuban network est ainsi l’histoire de ce combat, sans merci, entre un petit Poucet (certes soutenu par la puissante URSS) et l’ogre impérialiste étatsunien, expert en espionnage et passé maître dans le domaine de la déstabilisation de pays dont le mode de gouvernance ne leur sied pas.

Le casting est relevé puisque l’on retrouve l’égérie de Pedro Almodóvar, la Madrilène Penélope Cruz (dans le rôle d’Olga, une valeureuse mère de famille qui se retrouve, un peu malgré elle, au cœur de ce conflit). On croise aussi le Mexicain Gael García Bernal (habitué des histoires se déroulant dans cette partie du globe, comme dans No, du Chilien Pablo Larraín, sorti en 2013, sur le drame de la dictature chilienne ou bien Carnets de Voyage du Brésilien Walter Salles, sorti en 2004, où Gael García Bernal incarne l’Argentin Ernesto Guevara au début des années 50, c’est-à-dire celui qui deviendra le compagnon de lutte de Fidel Castro). On suit bien sûr également le Vénézuélien Édgar Ramirez dans le rôle de René González (ci-dessus), un courageux pilote (qui combattit en Angola en 1975 pour soutenir ce jeune État communiste africain) et qui se retrouve lui aussi au cœur de ce conflit américano-cubain. Bref, Cuban network est un condensé pédagogue, engagé et romantique, d’une séquence de la guerre froide qui défraya la chronique des années 90.

Cuban network – Film d’espionnage, inspiré de faits historiques, d’Olivier Assayas – Avec Penélope Cruz, Gael García Bernal, Edgar Ramirez… – Durée : 2h07 – Sortie le 29 janvier 2020.

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