La fameuse invasion des ours en Sicile, de Lorenzo Mattotti : un conte pas bête qui donne le beau rôle aux animaux.

Le roi Léonce et son bras-droit Salpêtre (qui rime avec « Sale traître » sans vouloir spoiler).

Au cœur de l’hiver sicilien, Gedeone, un conteur errant, et Almerina, sa petite acolyte (avec la voix de Leïla Bekhti), traversent la montagne. Une halte imprévue sera l’occasion d’installer un petit théâtre de rue, au fin fond d’une caverne.

Ce conte, riche en rimes littéraires, raconte comment Léonce, le roi des ours, à la recherche de son fils Tonio (avec la voix d’Arthur Dupont), enlevé par des trappeurs, bouleversa, le temps d’un règne, l’écosystème géopolitique de l’île. Mais avant de soumettre la province grâce à leur courage sans faille et à la cohésion desdits plantigrades, ils durent combattre les armées du Grand-Duc, le tyran local, découvrir le secret des ombres spectrales, déjouer les ruses d’un troll goulu et franchir quelques autres épreuves mâtinées de sorcellerie.

Ce fabliau autour du pouvoir (pourquoi on y accède ? par quelles magies on s’y maintient ? pourquoi on le perd ? ou pourquoi on s’en détache ?) est aussi un petit bijou d’antispécisme : et si les animaux avaient une sagesse supérieure ou égale à celle des hommes – qui n’en font d’ailleurs, c’est le moins qu’on puisse dire, pas toujours montre ? Vu le chemin pris par l’espèce humaine, qui semble dans sa globalité triomphante ne pas être à l’extinction d’une espèce animale près, on ne pourra qu’espérer que les hommes, à la suite de Dino Buzzati (1906-1972), réussiront un jour à s’affranchir de leur présomptueuse posture de domination et à s’inspirer de certains modèles de sociétés animales comme celle, fictive, des ours ici décrite.

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