La sélection BD du mois de mai

 La sélection BD du mois de mai

Pour le printemps, une sélection BD diversifiée qui vous propose d’approfondir votre réflexion sur le conflit israélo-palestinien, de méditer en contemplant les vieilles pierres des Causses, de trouver le père de vos (futurs) enfants et enfin si vous avez le cœur bien accroché, de suivre le Doktor Kötelet dans ses aventures au goulag porcin. Allez hop, on y va !

 


Le conflit israélo-palestinien, deux peuples condamnés à cohabiter


Couverture

« La petite bédéthèque des savoirs » est une collection qui aborde des sujets variés (les requins, internet, le minimalisme, l’univers…) en alliant le scénario écrit par un·e spécialiste et des dessins d’auteur.

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Se voulant le plus objectif possible, l’album retrace les origines du sionisme et du projet messianique de donner une terre au juifs. Pourquoi cette guerre entre deux peuples pour un même territoire déchaîne-t-elle autant les passions, alors que des conflits bien plus coûteux en victimes n’éveillent pas le même intérêt idéologique ? Quelle est la responsabilité des États-Unis ? Au sein de l’État juif, y a-t-il des voix dissidentes ? Quel avenir pour les Palestiniens ? Quels rapports entre religion et politique ? De nombreuses questions abordées dans un ouvrage petit mais dense, très pédagogique et non partisan.

Le conflit israélo-palestinien de Grigorieff Vladimir (scénario) et Abdel de Bruxelles (dessin), éd. Le Lombard, coll. « La petite bédéthèque des savoirs », paru le 19/05 2017, 10 €.

 


Hamgrad 2035 : Karaganda - Martes Bathori


 

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Sixième album de la collection « Uopia Porcina » qui décrit un univers de porcs dans une sorte d’utopie socialiste viciée. La gente porcine contrôle la planète et les rôles sont inversés, les humains servant de bétail aux cochons. Séduit par des prostituées lui promettant de coucher avec une femelle humaine (ce qui est interdit par les services sanitaires), le Doktor Kötlett est arrêté et condamné à 20 ans de travaux forcés. Victime de sa lubricité et des pressions policières, il est contraint aux aveux et déporté au camp de Karaganda. Sur place il devra affronter la (dure) hiérarchie du camp et apprendra à s’affirmer en utilisant les combines des caïds.

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Les dessins et les couleurs de l’album soulignent le sentiment de dégoût renvoyé par univers à la fois parodique et tragique où l’homme et le porc sont renvoyés l’un à l’autre. Au final, l’homme est un porc pour lui-même.

 Hamgrad 2035 de Marthes Bathori, éd. Les Requins Marteaux, paru en avril 2017, 100 pages, 25 euros.

 


Idéal Standard – Aude Picault


 

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Comme son titre en forme d’oxymore l’indique, Idéal Standard est basé sur une question : où commencent (et finissent) nos désirs intimes ? Dans quelle mesure sont-ils le fruit de représentations sociales qui nous dépassent ?

Claire, trentenaire qui travaille dans un service de néo-natalité, cherche l’homme avec qui fonder une famille. Après avoir enchaîné les histoires décevantes, elle rencontre Frank avec qui elle s’installe car il semble correspondre à son projet : bon salaire, vie commune et peut-être des enfants…

Pourtant, rapidement confrontée à leurs différences dans leurs attentes et vision du couple malgré le conformisme de façade qui les rapprochait, elle regrettera son choix.

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L’album est très « genré » en cela que les femmes sont très « féminines » (douces, pas sûres d’elles et veulent des enfants) et les hommes correspondent majoritairement au cliché du « connard » (égoïste, médiocre et vaguement vulgaire). D’ailleurs le seul personnage qui arrive à s’extraire de cette division sexuelle est l’amie lesbienne de Claire… Ceci étant, ce côté stéréotypé aide à saisir les enjeux des injonctions qui dépassent les individus et amène à une réflexion assez subtile au fond sur la façon dont on peut inhiber ses propres désirs pour correspondre à des normes sans même en avoir conscience.

Idéal Standard de Aude Picault, éd. Dargaud, sorti en janvier 2017, 18€.

 


Chemins de pierres – Troubs


 

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« Un seul battement de cœur de pierre ça dure aussi longtemps que la vie d’un homme, de plusieurs hommes, peut-être que ça dure plusieurs siècles.« 

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Résultat d’une résidence en 2016 dans les Causses du Quercy, Chemins de pierres nous promène à travers les paysages minéraux du Sud-Ouest. Les dessins à l’encre de Chine en noir et blanc donnent à l’album un côté carnet de croquis, une spontanéité maîtrisée du trait nous faisant ressentir les rêveries d’un promeneur (pas si) solitaire.

On y rencontre les habitants, poètes et éleveurs de moutons qui témoignent sur leur sensibilité aux pierres en ce qu’elles témoignent d’une histoire millénaire qui dépasse les individus. Une belle enquête méditative servie par des dessins qui expriment l’immuable poésie des temps géologiques.

 

Chemins de pierres de Troub’s, éd. les Requins Marteaux, à paraître le 24 mai, 12€.

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