Juste la fin du monde de Xavier Dolan

Juste la fin du monde de Xavier Dolan : chronique familiale et formidable sur les non-dits, les mal-dits et l’indicible irréductible.

Ce nouveau film, après Mommy, Tom à la ferme, confirme ce que l’on savait déjà : Xavier Dolan a du talent pour décrire les oppressions, les difformités, les agacements, les folies – douces ou plus inquiétantes – du cercle intime et doux de la famille.

Ici on se retrouve dans celle de Louis (Gaspard Ulliel) l’enfant-prodige, réservé et hypersensible, devenu écrivain qui revient au bercail le temps d’un déjeuner. Les retrouvailles sont un peu compliquées étant donné qu’il s’est écoulé 12 ans depuis la dernière fois qu’ils se sont tous vus.

Nathalie Baye encore une fois nous surprend, avec ce rôle de mère aimante un peu chiante, à la fois autoritaire et tolérante qui prodigue soin et attention à sa progéniture aux comportements immatures. Vincent Cassel est tout simplement époustouflant en gros lourdaud maussade et taquin qui aurait petit-déjeuné le matin même d’un Jean-Pierre Bacri sous amphétamines. Sa femme (Marion Cotillard), protectrice et réservée, pièce rapportée, assure néanmoins le lien entre Louis et le reste de la famille. La petite sœur (Léa Seydoux), tatouée, vulgaire, épatée par son frère qui vit à New York et dévorée par l’envie de fuir à son tour le bled natal, est elle aussi un personnage plein de relief – et donc attachant.

Gaspard-Ulliel

Pas facile pour Louis (Gaspard Ulliel) de revenir sur ses traces, parmi les siens, qu’il ne connaît que trop, ou alors pas assez, et de retrouver dureté des souvenirs, amertumes et incompréhension…

Dans ce film caniculaire où tous transpirent comme un Manuel Valls en plein meeting, les gros plans sur les visages sont saisissants. Les regards profonds, presque merveilleux, de tous ces personnages, plus ou moins bavards et maladroits, en disent long et de belle façon. Dolan a décidément l’œil pour observer, au plus près, les difficultés qu’on peut avoir à communiquer – que ce soit sur des choses futiles et/ou essentielles – ; à trouver sa place ; à grandir et à accepter les tares et qualités de nos proches. Puis à vivre avec tout ce fatras de questions, de souvenirs, d’aléas qui se combinent pour former le monde et ses mystères.


Juste la fin du monde – Comédie dramatique franco-canadienne de Xavier Dolan – Avec Vincent Cassel, Léa Seydoux, Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Nathalie Baye – Sélection officielle au 69e Festival de Cannes – Sortie le 21 septembre 2016 – Durée : 1h35 – D’après une pièce de Jean-Luc Lagarce.

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