Toni Erdmann, un film allemand de Maren Ade

Toni Erdmann, de Maren Ade : une rencontre explosive entre un père et une fille qui ont des valeurs à se transmettre et des points de vue uniques à faire valoir.

 

Épatant. Cette comédie dramatique allemande est vraiment bien troussée. On y suit un vieil homme facétieux (Peer Simonischek), qui blague comme il respire – un peu pathétique, en fait, car il a des problèmes de santé, s’occupe de sa mère mal en point, elle aussi, et ses plaisanteries tombent à plat, comme inopportunes, ou font s’interroger sur la sénilité du personnage. Cet homme fragile, touchant, original qui vit d’ordinaire en Allemagne, s’est mis en tête de se rapprocher de sa fille Ines (Sandra Hüller), qui travaille à Bucarest.

Si nous avons eu l’occasion d’évoquer la Roumanie en hiver, au moment de la sortie de Sieranevada de Cristi Puiu, Toni Erdmann nous permet de poursuivre l’exploration de cette région d’Europe de l’Est. Là, c’est plutôt l’été, et il est question des tribulations professionnelles de la très sérieuse Ines, qui bosse pour une boîte de conseil avec ici pour mission de préparer un plan social dans une société roumaine du secteur pétrolier – car oui, en Roumanie, il y a du pétrole et des puits… et des exigences de rentabilité qui placent l’intérêt des travailleurs au second plan.

Le père d’Ines, professeur de profession, taquin dans l’âme et peut-être un peu inquiet au vu du coton que file sa fille, vient donc mettre son grain de sel – et poivre – dans ces tractations. Et les situations que cette irruption provoque sont il faut bien le dire assez ébouriffantes.

Ines_fourchette

Depuis que son père est dans les parages, la vie d’Ines est devenue un peu plus compliquée… même remonter la fermeture Éclair de sa robe, ici à l’aide d’une fourchette, constituant un challenge quasi insurmontable.

Si les personnages de Sieranevada peinaient à susciter une pleine et entière adhésion, ceux de Toni Erdmann déploient une palette vraiment stupéfiante. Les rapports père/fille, ou au sein d’une entreprise au déploiement international, ou dans les milieux expatriés infra-européens, ou mère/fils, ou homme/chien, ou modernité/ tradition, ou moral/économique sont dessinés avec une grande pertinence. Et une non moins grande fantaisie. Qui plus est la version originale sous-titrée de ce drame au final touché par la grâce, permet de réviser son anglais et son allemand, chose assez précieuse pour être soulignée.

Toni Erdmann, comédie allemande de Maren Ade – Avec Sandra Hüller, Peer Simonischek – Durée : 2h42 – Prix de la critique internationale du 69e Festival de Cannes – Sortie le 17 août 2016 (le 14 mai au Festival de Cannes).

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