Tout comme vous (ou presque), ça fait maintenant plus d’un mois que l’Imprimerie Nocturne a fait sa rentrée. Le temps d’une pause d’été et l’occasion de faire déjà état d’un premier verdict musical sur l’année 2015 version Hip-Hop.

Alors oublions les tubes de l’été qui nous ont engrainé la tête à maintes reprises et ré-apprécions ces petites perles cachées qui font de nous des esthètes. Mais qu’avons-nous retenu de ces 9 mois de 2015 dans la famille Hip-Hop ? Que nous réserve la suite ? L’Imprimerie Nocturne vous propose un premier volet sur les dernières et futures sorties de 2015 made in France. Et comme de par hasard, l’année en a jeté une tonne.

Note des auteurs : l’ordre des disques n’a aucune importance. Les disques non chroniqués ou non développés ici ne manquent pas moins d’intérêt. Et sont susceptibles d’être détaillés à l’avenir. Cette sélection est non exhaustive et nous sommes déjà certains d’avoir zappé des albums que nous avons écoutés. Nos excuses.

I – C’est (déjà) sorti :

La Gale – Salem City Rockers

Elle est connue (entre autre) pour avoir joué dans le film « De l’encre » sous les ordres de La Rumeur. Accompagné par les excellents Al’Tarba et I.N.C.H., La Gale marque définitivement son empreinte avec un deuxième opus, suite logique de son précédent (et très bon) album éponyme. Sans tabous et sans remords, La Gale continue son chemin « rempli de ronces ». « Qui m’aime me suive » dit-elle. Il ne reste plus qu’à compter.

La phrase : « Je m’autorise le vacarme comme offensive. » (Nouvelle Pandémie)

Nouvel R – Les yeux de la foule

Les rappeurs angevins Vidda, Sseca, Koni, Pai Pai de Nouvel R ont sorti un album en scrutant précieusement la foule. À force de « cueillir des mûres », les regards s’intensifient et les propos prennent un autre sens pour ces « vieux de la vieille ». Les yeux de la foule dénoncent les outrages sociaux, les faiblesses et les forces des uns et des autres sous un grand motif d’espoir. Il entre dans la catégorie des albums à écouter à coup sûr !

La phrase : « Je me réveille mieux, j’ai remplacé le pilon du soir par un livre. » (L’imbécile)

VALD – NQNT 2

Il porte souvent le même polo Redskins sur ses vidéos, il porte ses lunettes de soleil à l’envers ou à l’endroit, même dans le noir. Comme quoi le titre de son album est cohérent avec le personnage : débile pour les uns, subtil pour certains. Drôle ou pathétique pour d’autres. Même au sein de l’Imprimerie, on s’arrache les cheveux pour adouber ou non VALD. Ce qui est sûr : c’est qu’il s’en fout mais son « bonjour » aura eu des répercussions au-delà d’un simple son. Ni queue ni tête.

La phrase : « Les yeux c’est le reflet de l’âme. » (Bonjour)

Demi-Portion - Dragon Rash

Il a trouvé sa voix. Celle où on se prend tantôt pour Sango Ku avant de lâcher un méga kaméhaméha sur la touche [REC]. Pour info, Dragon Rash est un album-concept qui a explosé les charts en se plaçant à sa sortie dans le top 5 toutes musiques confondues. Un hasard ? Ça voudrait dire qu’il fait bien les choses alors. Respect !

La phrase : « À part la vue, on n’a rien au sommet de nos tours. » (Dragon Rash)

Première Ligne - II

Première ligne. 19 titres. Un parti pris. Pour ceux qui ne connaissent pas Première Ligne, c’est du rap d’immigrés réunissant Mc’s Skalpel, E.One et un Dj, Akye, le fondateur de leur propre label BboyKonsian. II annonce la couleur, le bruit et l’odeur. Pas de quartier mais de la place pour les échos de la rue. Ajoutez à ça des excellentes prods qui méritent réellement le coup d’oreille. Bref, c’est très bon pour l’inconscience.

La phrase : « Tu peux crier Carpe Diem, je reste prisonnier de ma tête. » (All of us)

Georgio – Bleu noir

Il nous a fait kiffer avec son EP « À l’abri », la suite s’annonce très bonne avec Bleu noir. Un pied-de-nez à Kaaris et son « Or Noir » ? Peu importe, le Parisien sort son coup de crayon terre à terre, mis à l’œuvre dans son dernier clip « Les anges déchus, les gens déçus ». Il fait comme il aime Georgio. On le sent, et ça c’est bueno !

La phrase : « Puisque même trouver le sommeil est devenu un combat, y’en a qui attendent la mort pour s’endormir dans de beaux draps. » (Appel à la révolte feat Iron Sy)

Pumpkin & Vin’s Da Cuero - Peinture fraîche !

Un duo féminin/masculin « pluriel ». Pumpkin continue son ascension acharnée de rappeuse émérite en signant un très bon album aux accents variés avec Vin’s da Cuero. Accompagné de plusieurs autres feats, Peinture fraîche propose une fresque atypique à écouter sans modération !

La phrase : « Tellement au-dessus de ça que je songe à devenir Astronaute. » (Série noire)

Hippocampe Fou – Céleste

Il est de retour après son Aquatrip, cette fois-ci Hippocampe Fou décide de prendre la poudre d’escampette pour toucher les étoiles. Pour entonner un autre refrain ? Doux, personnel, aux vibes parfois électro et théâtrales, Hippocampe Fou recrache ce qu’il sait faire de mieux. Pour finalement se faire emmener au 7e ciel ? À vous de nous le dire.

La phrase : « La lumière ne jaillira jamais de l’obscurantisme. » (Chasse aux sorcières)

JP Manova – 19h07

Des années qu’on l’attendait. Aperçu dernièrement sur l’excellent titre « Actuel » avec le « poto » Rocé, JP Manova a pris son temps (et ses 36 ans) pour sortir 19h07. Même si un arrière-goût d’inachevé prend peu à peu de l’ampleur au fil de l’album, notamment sur les productions proposées, des morceaux marquent clairement la tête et méritent tous leurs éloges. « Actuel ok mais pas à la mode »nous dirait encore JP .Ça doit être ça.

La phrase : « Je me fous de savoir ce que les autres rappeurs font. » (Longueur d’Onde)

Hustla (Grems et le Jouage) – Ascenseur Émotionnel

Douze ans après Sonophrologie, les deux vampires sentaient le besoin de remettre ça. Un album riche en émotions (avec la présence de James Deleck, Oliva Ruiz…) et du rap sous toutes ses coutures, Hustla ne font pas comme les autres. Surtout, ne leurs dites pas de descendre d’un étage.

La phrase : « Plus la merde est grosse, plus elle a de goût. » (Detroit)

Scratch Bandits Crew – Stereo 7

Du hip-hop mutant disent-ils. Ça scratche, ça sample, ça découpe, ça rassemble. Les Scratch Bandits Crew reviennent sur le devant de la scène avec Stereo 7 sur le label Chinese Man Records et ça envoie sec ! Des feats au masculin et féminin de qualité, de l’énergie pure, bref une très belle réussite artistique et musicale !

Pand’or – Max et Lenny

Une fois n’est pas coutume, nous inscrivons dans notre sélection une bande originale. Déjà parce que Pand’or fait désormais partie de notre paysage hip-hop, et que Max & Lenny porte à l’écran une histoire assez proche de son histoire, puisqu’elle y campe son propre personnage. On ne voit pas d’ailleurs pourquoi nous devrions nous justifier de la présence d’une B.O. ici, le titre… devrait suffire à vous convaincre. Et vous inciter à voir le film si ce n’est déjà fait.

La phrase : « On m’a dit rappe, rappe pour t’évaluer, tu parles d’une aubaine. » (Casse-tête)

Rezinsky – Les Hérétiques

Projet hors-normes, Les Hérétiques de Rezinsky (RezO + Pepso Stavinsky) avait bien marqué nos oreilles avant l’été 2015. Des histoires de Jolie môme, un univers poétique qui rappe depuis la lune (et surtout au milieu des étoiles), le duo a enchaîné pas mal de scènes depuis la sortie du disque, magnifiquement illustré par Silas. Si certains croient fermement en ce monde, nous amenons l’idée que cette association a produit un EP magnifique qui jongle entre les convictions profondes (et « solennelles ») du MC et les valves sonores gargantuesques du beatmaker.

La phrase : « J’rends copie blanche à chaque rédaction » (Une parmi les milles)

Lucio Bukowski & Anton Serra – La plume et le brise-glace

Plume + brise-glace = une bombe lâchée en plein sur la place publique. Nous sommes tous complices puisque nous assistons sans doute à l’un des meilleurs albums réalisés par un duo et un beatmaker depuis un sacré moment. Le poète et le vandale se portent bien. Comme quoi, il y en a qui ont du goût à la FNAC !

La phrase : « Les lions sont solitaires, contrairement aux chiens dociles. » (Les lions sont solitaires)

Autres albums à ne pas manquer :

Rocca – Bogota Paris / Lucio Bukowski – L’homme alité / Joe Lucazz – Noname / Veerus – Visions / Brav – Sous France / Karlito – Impact / Lino Requiem / Paco – L’Ovni / Le Gouffre – L’apéro avant la galette / Dj Blaiz’ – Appelle-moi MC vol.2 / X-Men - Modus Operandi / TSR Crew – Passage flouté / Rotko – Anthrapologie / Swift Guad - Vice et Vertu vol.2 / Lomepal - Majesté / Ali – Que la paix soit sur vous / Kacem Wapalek – Je vous salis ma rue / Céo - Trois lettres en minuscule) / Lautrec – La Cruauté tranquille du quotidien / Casta – Multiple / 12mé – Plan séquence

II – Ça va sortir (bientôt) :

Espiiem – Noblesse Oblige

« Quoi que vous écrivez, évitez la bassesse. Le style le moins noble a pourtant sa noblesse » clamait N. Boisleau-Despréaux. Espiiem l’a bien compris et son prochain album Noblesse Oblige marquera certainement un tournant dans la carrière du rappeur parisien. Après le très bon EP Haute-Voltige, l’hommequirappaitplusvitequesonart revient prochainement avec déjà un clip annonciateur « 777″ et un autre avec le très prisé Deen Burdigo « Suprématie ». « What else ? »

La phrase : « Plus je fais mon trou, plus je creuse leurs tombes. » (777)

Odezenne – Dolziger Str. 2

Qualifier Odezenne est un exercice difficile sachant que ses protagonistes mutent constamment d’album en album. Déjà pourquoi ce titre ? Après avoir effectué de très longues recherches (de deux minutes à peine), Dolziger Str. désigne une rue de Berlin. On sait qu’ils ont passé du bon temps là-bas récemment. À vue de zen, Dolziger Str.2 s’inscrit dans la lignée de Rien, mais peut-être qu’on se trompe complet. Mutation à suivre.

La phrase : « Vivre avec un corps, c’est comme vivre avec un mort alors je ferme les yeux quand je dors et j’attends qu’elle dise encore. » (Bouches à lèvres)

Al – Le pays des lumières

Lui dit bonjour et revient après un bel épisode façon « Friends » avec l’Asocial Club. Après avoir dépassé « Les Frontières du Béton » et affronté le « Terminal 3″, l’ex-correspondant de Fabe remet le couvert pour un nouvel album solo : Le Pays des Lumières. Un titre ironique comme l’indiquent ses premiers textes ? Peut-être, on en saura bientôt plus. Ce qui est sûr, c’est que le rappeur dijonnais est de retour alors restons poli.

La phrase : « On est spécialisé dans l’étranglement, je crois que c’est sûrement à cause du manque d’étreintes. » (T’as le bonjour d’Alain)

La Canaille – EP (en cours)

Elle prépare un EP (la nouvelle vient de tomber). Après « La Nausée », l’art de La Canaille est résumé à son indignation à travers le son et la poésie. C’est aussi un melting-pot d’un tas de cultures, concentré pour ne faire qu’un. En atteste « La Sueur des Ombres », où on se met dans la peau d’un migrant qui sauve sa peau. Un titre sorti il y a un an déjà. En avance sur son temps ? La Canaille a bien compris qu’il n’est jamais trop tard pour sortir un autre projet qui lui ressemble.

Iris – Un autre ciel éther ?

Iris, le « Dieu » (humain, no pression) d’un rap délabré dont il a pris soin de recoudre avec ses mots, attendait 500 likes sur sa page Facebook pour sortir une surprise… sonore ? Cela semble être le cas. On l’espère très fortement en tout cas pour celui qui a marqué l’histoire de l’underground hip-hop en sortant des catacombes avec Arm « Les Courants Forts » en 2010. Alors cliquez ici pour (espérer) voir la suite : https://www.facebook.com/irisvertigo

Vîrus – Sous le signe du V ? (EP)

À défaut de mettre un point, il met un accent circonflexe sur le « i ». Lui aussi membre de l’Asocial Club, Vîrus sort un EP fin 2015 selon sa page Facebook et c’est toujours un petit évènement dans le micro-système du rap. Vîrus, c’est d’abord une écriture acerbe, dérangeante et précise qui renferme beaucoup d’états d’âme mêlant réalisme et fiction. Nous n’avons pas plus d’infos que ça pour l’instant mais on est sûr d’une chose, c’est que ça parlera d’amour. Ou pas.

Lucio Bukowski & Kyo Itachi – Kiai sous la pluie noire

Certains savent qu’à l’Imprimerie, nous sommes (secrètement) fans de la plume de Lucio (unanimité rédactionnelle complète). En novembre sortira Kiai sous la pluie noire, signé Lucio Bukowski donc, et Kyo Itachi derrière les prods. Ils nous ont déjà lâché « Transitoriis Quaere Aeterna », qui ne donne qu’une envie : avoir la suite dont on se délectera sûrement pour les longues nuits d’hiver à venir. Qui commenceront donc par un kiai, cri de combat dans les arts martiaux pour ceux qui sont « hors de l’époque ».