Après Sommeil, les éditions 10-18 avaient publié deux autres textes du célèbre auteur japonais Haruki Murakami, réunis sous le titre Les Attaques de la boulangerie. Un petit opus à nouveau illustré par les superbes encres de Kat Menschik.

Initialement publiées au Japon, puis en France aux éditions Belfond, les deux nouvelles L’Attaque de la boulangerie puis La Seconde attaque de la boulangerie ne faillissent pas à la réputation de l’auteur : un univers surréaliste en pleine période contemporaine. Une écriture avec quelques touches d’humour, un brin de nostalgie et une poésie urbaine. L’intérêt de cette publication est d’y associer les encres, ici dorées, de Kat Menschik, illustratrice allemande.

Mais que racontent donc ces attaques de la boulangerie ? Tout est dans le titre (ou presque) : un réel braquage de brioches et petits pains. Deux pauvres individus ont faim, une faim qui les tenaille, mais ils n’ont pas un rond. Alors ils braquent une boulangerie. Avec une certaine politesse, respectant la file d’attente. C’est là qu’intervient Wagner, le compositeur, tout du moins sa musique. Quel rapport me direz-vous ? C’est le lien entre la première nouvelle et la suivante, où l’un des deux individus raconte à sa femme cette anecdote de sa jeunesse, et y réexplique l’importance de Wagner dans ce pétrin.

« C’est ainsi que, sur fond de mélodies wagnériennes, nous nous bourrâmes de pain »

L’attaque de la boulangerie

La suite ? Notre héros se trouve repris par cette faim mystérieuse, cette fois-ci en compagnie de son épouse; le réfrigérateur ne recèle pas grand-chose hormis quelques bières, du beurre et des oignons. Évidemment les bières y passent, « parce qu’il vaut mille fois mieux boire de la bière que manger des oignons ». Une situation où cette faim insatiable et mystérieuse poussera le couple à commettre un nouveau forfait, cette fois-ci dans un fast-food. Car il n’y a pas de boulangerie ouverte la nuit.

« (…) dès que l’employée nous dit « bienvenue chez McDonald’s », ça sera le signal entre nous, on met les cagoules. Compris ? »

La seconde attaque de la boulangerie

Entre la représentation cinématographique de la faim, les situations cocasses et une sorte de décor froid du monde actuel, Haruki Murakami aiguise à nouveau son regard particulier sur le monde. La lecture se fait agréablement accompagner par les illustrations qui oscillent entre art nouveau et aplats de linogravure de Kat Menschik, et appuient le côté onirique des textes. Un beau livre, un beau moment. Qui peut laisser sur sa faim.

Vous pourriez aimer

Les Incrustacés de Rita Mercedes La cavale du docteur Destouches chez Futuropolis Séducteurs de rue de Léon Maret, la BD qui tape là où ça fait mâle