Laetitia Shériff délivre son triptyque : Pandemonium, Solace and Stars

Dix ans après Codification, voilà le nouvel album de Laetitia Shériff. Elle nous en parlait au printemps pour Les Embellies, l’été est passé. Et voilà déjà l’automne pour accompagner la sortie de Pandemonium, Solace and Stars.

Pandemonium.

pandemonium-solace-and-starsOfficiellement, capitale de l’Enfer, avec un grand E. Satan est à la guitare, et le fantôme de John Milton plane sur le papier. Les démons qui préparent l’apocalypse se trouvent peut-être tapis entre les accords électriques. Le chemin parcouru en dix ans, avec ses joies et ses absences, a donné un atout aux compositions : pouvoir contempler avec calme ce qui brûle avec rage. L’enfer, il serait simple de dire qu’il est dans l’aspect noise de « Wash », l’inquiétant « Urbanism – after Goya » ou dans les accords répétés de « The living dead »; mais il est peut-être tout simplement dans le compte-gouttes de « To visit Brighton » ou la tension de « A beautiful rage II ». Si le plus grand tour que le diable ait réalisé, c’est d’avoir fait croire qu’il n’existait pas, le plus grand tour de force de Laetitia Shériff est de réaliser une introspection brillante avec ces dix titres.

Solace.

Réconfort. Même si l’Enfer, c’est parfois les autres, ici ils sont un appui pour traverser le disque. Thomas Poli (Montgomery, Dominique A ou encore Psykick Lyrikah) à la guitare, Nicolas Courret (Eiffel) à la batterie ou Carla Pallone (Mansfield Tya) au violon sur trois titres, le trio ou quatuor donne toute l’intensité nécessaire à des titres comme « Friendly Birds »; une ligne de basse, des instants suspendus à la légèreté de la cymbale, des notes presque effleurées. Mais comment consoler la plainte de « To be strong » et son « since you’re gone » ? Avec quelque changements harmoniques qui progressent, à en faire sentir le sol et la terre entière sous ses deux pieds quand on a réussi à se relever. La force, celle du cri, celle de la colère, du ressenti brut, à l’image de l’alternance des tensions et du calme qui parcourent le disque.

Stars.

S’il y a un Enfer, il y a forcément un Paradis. Dans la fascination du chaos et les flammes qui s’élèvent bien au-delà des notes, quelques étoiles qui sont derrière les fumées et les brouillards. Les étoiles, Laetitia Shériff y promène sa voix. Une fragilité et une vibration qui tranchent avec la rage de la musique. Des souffles, des notes lumineuses, les étoiles sont là pour qui veut bien prendre la peine de les regarder quand elles apparaissent dans la délivrance. Le dernier titre « Far & Wide » de l’album apparait à la première écoute comme incongru, par ses accords étirés qui tranchent avec la fin du titre précédent. « It sounds like love ». Finalement, peut-être que le paradis, c’est nous-mêmes.

Le site de Laetitia Sheriff

Pandemonium, Solace and Stars – Un album de 10 titres de Laetitia Shériff – Sortie le 13 octobre 2014 chez Yotanka.

Laetitia Shériff: chant/basse/guitares/claviers
Thomas Poli: réalisation (enregistrement et mixes)/ guitare sur The living dead et Friendly birds /clavier moog/ synthétiseur

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