Le prénom a été modifié de Perrine le Querrec, paru en 2014 (éditions Les doigts dans la prose) est de nouveau disponible aux éditions La Contre Allée. Un texte écrit à partir du procès de viols collectifs dans les caves de Fontenay-sous-Bois qui s’est tenu en 2012. Marteler diffuser propager avec les armes de la langue poésie. Ouvrir ses mots, sa gueule, ses tripes. Au plus près de la violence physique, sexuelle, psychique. Une lecture marche blanche absolument nécessaire. Main dans la main avec les effacées de la vie à qui Perrine le Querrec redonne une identité, une parole, un visage.
Perforation déflagration explosion de l’écriture canif flingue flamme de Perrine Le Querrec. Comme dans Rouge Pute ou Les Alouettes, l’autrice accompagne la détresse muette des victimes du bon père, du gentil voisin, du fils idéal devant la loi complaisante. Le hurlement des adolescentes qui s’entendaient devenir mortes. Écrire avec l’os le poing les tendons. Briser cogner couper en phrases colère. Prosodie de la boucle des 16 ans encavés violés assassinés en réunion pendant 6 mois. Os poing tendons. Écrire crier écrier. Mots. Mors. Mordre. Plus fort que le silence indicible. Il. Lui. Eux. Bon, gentil, idéal. Un saccage féminin collectif sans pronom modifié. Leurs tournantes dans les caves de la cité.
Me taire pour ne pas mourir y laisser plus que ma peau et mes seize ans me taire après même le silence pèse trop lourd. Le viol par dizaine de kilos, la honte par dizaine de kilos les coups par dizaine de kilos la première chose pour survivre c’est se taire. (p. 37)
S’asseoir par terre. Avec elle et ses seize ans. Elles. Nous. Étourdies. La lame de l’écriture plantée dans l’estomac. Avec elles. Leur prénom Violence et Sang. Lire Perrine Le Querrec pour ne pas se résoudre au mutisme. Aux identités effacées. Aux témoignages anecdotiques dans les médias. Aux termes lapidaires qui ne disent pas la lapidation des chairs et des esprits. L’autrice écrit la guerre du viol. Elle expulse empoigne cloue au mur de la rage les mots du ventre éventré. Du ventre solitude honte peur. Écriture os poing tendons pour identifier, défendre, aimer les vivantes. Qui tentent, par-delà les immeubles, de s’endormir se réveiller survivre avec 70 kg de douleur en trop.
Il y a mon cercueil dans la cave, dans le local à poubelles, près des jeux pour enfants. Si je n’avais pas peur, j’irais déposer une fleur sur ma tombe. (p. 48)