Nous avons mis du temps pour voir Tom Medina, le dernier film de Tony Gatlif sorti cet été. Une ode à la liberté comme le réalisateur a su les signer tout au long de sa filmographie.
Tony Gatlif a toujours filmé la culture tzigane ; ici c’est la toile de fond du pays sauvage camarguais qui nous rattache à elle, et quelques titres musicaux dont les chansons de Manero qui ponctuent le long métrage. Tout commence dans une arène ; un personnage s’infiltre dans la séance de tauromachie. Ce trublion c’est Tom Medina, campé par un David Murgia fascinant, souvent mystérieux, parfois inquiétant. Il doit rejoindre son adresse de liberté surveillée tenue par Ulysse (magnifique Slimane Dazi, oscillant entre sagesse lucide et fragilité d’un père endeuillé).
Au fur et à mesure, Tom Medina cumule les erreurs, s’avère ultra sensible, et doit même supporter des visions ; des forces surnaturelles. Tom Medina serait-il fou ? La fougue des chevaux et les paysages sauvages de la Camargue (dont le réalisateur souligne la pollution par une séquence de ramassage des ordures dispersées ici et là parmi les batraciens et les roseaux bien ennuyés d’avoir la compagnie du plastique) sonnent en tout cas comme des échos aux vibrations à fleur de peau du héros. Auquel on s’attache bien évidemment, tout comme il s’attache à celles et ceux qu’ils rencontrent : Stella (Karoline Rose Sun) et ses mémorables scènes à la guitare hurlante, ou la discrète Suzanne (Suzanne Aubert).
Avec des personnages au caractère trempé, le film s’avère campé dans le sol (tels les sabots d’un cheval) ; à la différence d’autres réalisations, ici peu de scènes tourbillonnantes, plutôt des explosions (de rires, de cris, de larmes) qui touchent en plein cœur. Avec Tom Medina, Tony Gatlif tacle la condamnation à l’errance de ceux qui ont perdu quelqu’un (un parent, un frère, un enfant). Et signe de nouveau un grand film.