C’est une bande dessinée colorée qui raconte à partir d’anecdotes familiales la Lituanie au temps de l’URSS, le tout à travers les yeux d’une enfant. La boîte de petits pois, un récit signé Giedré et Holly R.
Quand elle n’est pas occupée à chanter (ou à faire des apparitions dans le journal confiné de Pierre-Emmanuel Barré), Giedré raconte des histoires. Ou plus précisément la sienne, ici illustrée par Holly R. Alors quel est le point commun entre une affichette, un goulag, un chewin-gum et de la viande enroulée autour d’un mollet ? La lecture de cette histoire vous permettra de faire le lien. Giedré raconte par le biais de son enfance la Lituanie des années 80, où tout est compliqué à obtenir, rationné, et où il faut surtout ne dire aucun mal de la situation sous peine d’être dénoncé et envoyé très loin quelque part dans la neige. Cette toile de fond d’un communisme totalitaire passe mieux à travers les yeux d’un enfant ; car c’est sur ce ton que les descriptions et dialogues sont écrits (et n’en sont pas pour autant emplis d’une naïveté bêtifiante). Un point de vue totalement en accord avec le crayonné léger d’Holly R.
L’observation de Giedré passe par les anecdotes de l’enfance, mais tout autant par le vécu de sa famille et notamment le personnage de sa mère, qui finit par s’installer à Paris. Cette nouvelle installation dessine en pointillés l’opposition flagrante de deux systèmes : le communisme et la notion de collectif d’un côté, le capitalisme de l’autre, où chacun peut acheter ce qu’il souhaite mais où certains n’ont même pas de toit. Une interrogation légitime, dont elle s’explique dans un post-scriptum gribouillé.
La boîte de petit pois se lit d’une traite et trace avec talent des toiles de fond historique, de l’URSS des années 50 à l’indépendance de la Lituanie le 11 mars 1990. Un voyage teinté d’humour et de légèreté pour regarder l’histoire… à hauteur d’un petit pois.