Depuis l’annonce de leur fermeture le samedi 14 mars 2020 à minuit, les cafés ne savent toujours pas quand ils pourront rouvrir. Alors que Rennes compte encore une riche scène artistique dans les bistros et clubs, l’équation économique commence à peser.
Après des années d’alliance des cafés-concerts au sein du collectif Culture Bar-Bars, des soucis d’insonorisation et de fermetures administratives plus ou moins justifiées, la tempête du Covid-19, les tenanciers rennais s’en seraient sûrement bien passé. Et son issue est encore inconnue ; le 9 avril, TraxMag titrait que « 30 à 40 % des bars et clubs indépendants » pourraient disparaître définitivement. En cause principale, des assureurs refusant de couvrir les pertes d’exploitation liées à la pandémie. Alors que le gouvernement a annoncé la fermeture de ces lieux au-delà du 11 mai, l’inquiétude grandit ; Denis Talledec, directeur de Culture Bar-bars, attend notamment les résultats d’une enquête pour évaluer plus précisément l’impact sur les adhérents au collectif.
Rennes affiche une spécificité culturelle, où des lieux ont su garder leur identité, et de nouveaux espaces en créer. Intimement liée à l’histoire des Transmusicales, la vie nocturne et notamment celle des cafés-concerts reste encore dynamique, avec en événement le plus connu, Bars en Trans. Mais à l’année, ce sont des concerts parfois presque tous les soirs*, d’artistes locaux ou en tournée, d’expositions, de spectacles, de conférences, de projections, de débats ; bref, des lieux de rencontres et un vivier utile à bien des artistes et/ou associations, dont la situation critique était déjà dénoncée en décembre par le collectif spontané « Rennes concerts en danger« .
Ce sont déjà plusieurs lieux accueillant des événements qui ont affiché leur désarroi de trésorerie en lançant des cagnottes en ligne** ; c’est le cas du Babazula, du Mondo Bizarro, du Marquis de Sade et du Chantier. Une situation inquiétante dont la liste risque de s’allonger si aucune solution n’est trouvée concernant les charges engagées, et un cas par cas proposé. Car au-delà des lieux, d’autres chaînes sont mises en jeux, qu’il s’agisse de brasseries locales ou d’acteurs artistiques/associatifs ; et ce sont les plus fragiles qui seront irrémédiablement impactés. Quelle pluralité restera-t-il à l’issue de cette crise ? Il est encore trop tôt pour le dire, tout comme pour la situation des festivals indépendants actuellement dans un flou totalement artistique.
* Pour preuve, les pages passées largement remplies de notre agenda en ligne.
*** Une plateforme intitulée J’aime mon bistrot a été lancée; elle permet de précommander des tournées et soutenir votre lieu (ou vos) lieu(x) favori(s).