Pas de sélection d’un top 50 de l’année pour ce mois de décembre 2019, mais quelques sorties hivernales, et, une fois n’est pas coutume, des livres. Bonnes découvertes !
Adam Wood – Hello Again
L’ombre d’Elliot Smith ou de bon nombre d’autres compositeurs américains planent sur la musique d’Adam Wood. Cinq ans après un premier album remarqué, Hang out, il revient avec un EP de 4 titres. Court, mais la frustration de ce Hello again sera palliée par de grands espaces musicaux. Une manière de prendre son envol pour la fin de l’année 2019.
4 titres – 13 décembre 2019 – Freemount records
ÙØ – Ùtopies Ørdinaires
Deux ans après un 1er EP, ÙØ (prononcez [u-o]) revient avec 5 nouveaux titres. Duo dark spoken-word sur fond de musique électronique froide, mots hachés, pour des petites chroniques pour faire un pas de côté vis-à-vis du quotidien, ou regarder la réalité en face, c’est selon comment le masque est positionné. Car Ùtopies Ørdinaires vient taquiner tout le cynisme de nos sociétés en rappelant dans leur Rødeø mental que « tout va bien ». Rentrez au bercail y a rien à voir !
5 titres – 13 décembre 2019 – Falls avalanche records
Lucio Bukowski & Tcheep – Sereinement motherfucker
Il y a des fois où l’on a du mal à suivre Lucio Bukowski tant il a enchaîné les projets. Pour cette fin 2019, il collabore de nouveau avec le producteur Tcheep sur un 8 titres nonchalamment intitulé Sereinement motherfucker. Quelques alcools pour déstresser façon « Liqueur miraculeuse », des rimes sorties au « Forceps » pour un flow qui semble un peu plus souple qu’à l’accoutumée ; Lucio vise ici plus de rythmique, mais garde toujours ses références qu’on ne trouvera pas ailleurs (du genre Boulez et Xénakis). Un disque planant sur des prods plus contemporaines, sorte de feuille morte de fin de saison à savourer sereinement, motherfucker.
8 titres – 26 décembre 2019
Couverture de survie - Tetrapharmakon
L’idée d’une guerre internationale vous angoisse ? Les fêtes n’ont été qu’un calvaire douloureux ? Glissez-vous donc dans une couverture de survie avec cet EP 4 titres parus chez le label local Distag. Un rock synth-wave qui ferait sautiller des généraux dans un bunker, avec une voix sombre pour des textes qui s’inspirent de la mythologie grecque antique. Et notamment ses remèdes tels que le Tretapharmakon, l’épicurisme, l’hédonisme ou l’ataraxie. De quoi trouver un refuge musical pour danser sur des braises (ou des mines antipersonnel, c’est selon). Un bon missile produit par les usines Distag qui sauront riposter face aux envahisseurs.
4 titres – 23 décembre 2019 – Distag records
Will Samson – Paralanguage
Les fêtes vous rendent moroses mais vous êtes plutôt plaid au coin du feu que couverture de survie en bord de route ? Le nouvel et 5ᵉ album de Will Samson est fait pour vous. Folk et électronique épurées, de voix aériennes ou de mélodies qui bercent avant de monter en puissance, le musicien britannique déroule 8 titres oniriques. Une hypnose aussi douce qu’une tisane au miel, des rivages à la lumière de janvier, jusqu’au final « Small river » qui redonne toute sa place au clavier et aux voix. Un peu de douceur dans ce Paralanguage qui fait du bien.
8 titres – 6 décembre 2019
LeRap2filles
C’est un vaste projet de recherche sur les réseaux qu’a mené le label La Souterraine (en collaboration avec le compte @Rapdefilles) concernant le rap amateur et ses sessions freestyle « posé-filmé » et ensuite diffusées sur Instagram. Voilà donc au bout une compilation de 12 rappeuses, des 4 coins de l’Hexagone mais aussi du Gabon ou du Canada, certaines en parcours de professionnalisation, d’autres ayant pour la 1ère fois enregistré au format chanson. Un disque qui souligne l’inégalité dans le rap, notamment en terme de visibilité, mais qui lui rend une bonne droite avec la qualité des textes et des flows. Du talent en 12 titres.
12 titres – 29 novembre 2019 – La Souterraine
Glassy Eyes : érotisme rock en noir et blanc
C’est le premier ouvrage de photographies qui paraît chez la jeune maison d’édition des Véliplanchistes (dont on ne saurait déterminer s’ils pratiquent réellement ce sport). Grand format pour des images signées Guendalina Flamini qui écume les concerts rock, de Rome à Paris, de petites salles en planches de festivals. Un tourbillon à l’image des instants qu’elle capture : bruts, éphémères, vibrants. Corps en sueurs, hurlements au micro, slam dans un public survolté, les photographies sont au plus près, ou au cœur, de concerts souvent souterrains et organisés en 7 sections différentes. Un voyage à écouter avec la playlist appropriée, des Pogo Car Cash Control à Theo Lawrence.
Édition limitée à 160 exemplaires – Novembre 2019 – Éditions des Véliplanchistes
Ladies first, une anthologie du rap au féminin par Sylvain Bertot
On pourrait penser à une prolongation qui tombe à pic quand se développent des projets comme MadamRap, Rap2filles ou l’album S’one project à sortir en janvier 2020. Le rap bouge ses lignes, et les femmes, malgré leur invisibilité, ont toujours été là. Dans son ouvrage Sylvain Bertot revient aux origines du hip-hop, en passant par les 1ères rappeuses jusqu’au réveil du hip-hop féministe. Une introduction documentée (avec une chouette bibliographie à la fin de l’ouvrage) avant de laisser la place à une sélection de 100 disques, classiques ou plus contestables. Un livre pour les amateurs du genre, mais aussi (et) surtout pour continuer de faire bouger les codes.
288 pages – 21 novembre 2019 – Le mot et le reste