Ra Crew : du graff et des grecs

Depuis l’année dernière, ils ont envahi les murs de Rennes. Personne n’a pu louper leurs travaux rue Saint Michel, ou leur participation (entre autres) au festival Urbaines. Rencontre avec le RA Cew, collectif de peintres qui a plus d’un posca dans son sac.

Mya - Artiste surnuméraire

Mya – Artiste surnuméraire

C’est dans leur atelier, en pleine préparation pour la soirée de lancement du magazine Epoka au Jardin Moderne le 7 mars, et à peine remis de leurs récentes installations, que le Ra Crew a reçu l’Imprimerie. Histoire de poser quelques questions sur un travail qui se joue des codes, mais surtout joue des coudes pour 1m² de mur disponible. Le street art est souvent un musée à ciel ouvert, mais dont peu connaissent l’envers de la bombe.

- Bonjour Mya, peux-tu nous présenter le Ra Crew et son parcours ?

Mya : C’est un collectif de peintres rennais comprenant Joe Popi, K-Cendre, Mimo et moi-même. On s’est rencontrés sur des terrains, des friches ; on a peint beaucoup ensemble, puis on a décidé de se rassembler de manière un peu plus formelle pour pouvoir commencer à mettre en place des projets un peu plus ambitieux, et notamment par la voie officielle comme avec la ville de Rennes. Ça fait maintenant un peu plus d’un an qu’on s’est rencontrés ; sous ce nom là c’est à peu près depuis automne 2012 qu’on travaille.

 - Pourquoi le nom de « Ra Crew » ?

Mya : C’est une idée de Joe Popi et Mimo qui avaient déjà choisi de signer comme ça en travaillant en duo, du coup on l’a gardé. Ra, c’est pour le dieu soleil égyptien, car nous sommes tous très influencés par la mythologie et les symboles.

- Vous êtes toujours quatre, il n’y a pas de géométrie variable au groupe ?

Mya : Il y a du partenariat avec d’autres gens, des collaborations, c’est toujours cool, mais on signe pas tous sous la même bannière, le noyau dur de départ c’est nous quatre.

K-Cendre - Madonne victorienne

K-Cendre – Madonne victorienne

- Vous avez tous un bon niveau de dessin, vous avez suivi une formation en arts plastiques ou aux Beaux-Arts ?

Mya : Non, y en a qui ont des niveaux de merde ! (rires – Nb : l’imprimerie ne désignera pas ceux qui ont été pointés du posca). K-Cendre et moi avons fait un tour par les écoles, alors que Joe et Mimo ont fait l’école de la rue. Nous n’avons donc pas tous le même parcours au niveau du dessin.

- Les rennais vous ont surtout découvert par le graff, mais maintenant il y a beaucoup d’illustrations exposées en intérieur qui apparaissent ; vous vous situez comment là dedans, à quel courant pourriez vous êtes affiliés ?

Mya : C’est pas une question de définition, c’est une simple question de saison ! Le printemps et l’été, on peut peindre dehors. Là c’est l’hiver, il fallait bien se résigner à faire quelque chose à l’intérieur ! Disons que là on s’est motivés pour des expositions, alors que l’hiver d’avant avec Joe Popi on se retrouvait enfermés à l’intérieur, on faisait des m² de dessins pour des collaborations ultérieures, mais là les beaux jours vont revenir, donc on ne fera pas de tableaux pendant cette période, on devrait normalement retourner en ballade !

- A part la météo, quelles sont les contraintes techniques ?

Mya : Un peu les thunes pour le prix des bombes, mais comme on est quatre, on peut partager et on participe aussi à des jam, donc on trouve toujours un fond de peinture !

- Même au niveau de l’espace, c’est pas trop difficile de ne pas se marcher sur les pieds avec les autres graffeurs?

Mya : Il y a des moments où l’on piétine un peu, parce qu’il y a beaucoup de monde qui veut faire de la peinture, mais sans forcément la place nécessaire. Du coup on s’exile un peu parfois, pour trouver des spots à l’extérieur de Rennes, des murs vierges pour s’entraîner.

urbainesraRAcrewbonaccueil- En décembre dernier, vous exposiez au Bon accueil pour Les 15 signes du Jugement dernier, là vous êtes à Urbaines, à la Galerie du 48, et vous participez au lancement du magazine Epoka ; comment vous expliquez-vous ce succès soudain ?

Mya : Parce qu’on est des oufs !

Mimo : Je crois qu’il y a une part de renouvellement des artistes locaux, le fait que ce soit nouveau. Puis il a fallu le temps que ça se mette en place, il y a eu tout le temps de gestation et de travail, c’est peut être la suite logique !

- Au niveau des influences (nous savons qu’il y a un fan de Star Wars caché parmi vous !), qu’est ce qui vous inspire le plus ?

Mya : La mythologie, au niveau des sujets, toujours le symbole, qu’il y avait aussi dans les storm trooper. Au niveau des influences graphiques, c’est différent selon chaque personne. K-Cendre et moi sommes passés par les circuits traditionnels donc on s’est tapé tout le rayon histoire de l’art, que t’adhères ou pas tu le manges ! Puis après l’influence peut aussi venir de gens plus proches, des rencontres, mais chacun a une iconographie différente.

- Pour toi Mya, le modèle de référence s’il n’y en avait qu’un?

Mya : Dur. Au niveau dessin.. Moebius. J’ai lu ça quand j’étais gamin, et c’est fondateur pour des tas de mecs, je vais pas faire exception non plus.

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Joe Popi - Doux dingue

Joe Popi – Doux dingue

- Quand vous faites une fresque, comment choisissez vous et préparez vous le sujet ?

Mya : On se met devant le mur, on choisit un sujet, le premier qui vient et on y va. Sur un mur légal, on se fait plaisir sans préparer à l’avance et y passer quatre jours.

- La fresque actuelle qu’il y a actuellement Rue Saint Michel sur le stade rennais, comment ça a débuté ? Surtout que celle là, elle dure !

Mya : Aeon des CTS voulait faire le portrait de l’entraîneur; Antonetti; Joe enchaîne pour faire le lettrage Roazhon, puis moi l’hermine. C’est vrai qu’elle a rencontré un certain succès.

J’aime bien quand quelqu’un arrive et sort « tu peux écrire mon blaze s’teuplait ça s’rait swag »

- Si vous aviez une anecdote marrante de peinture en extérieur à raconter ?

Mya : Ben, il y en a une à chaque fois ! Bon, quand on bosse à Sainte Anne, y a du monde qui passe, des gens qui interviennent, des types qui font les berniques et qui te tiennent la jambe un moment. C’est récurrent comme situation.

Joe Popi : Oui, j’aime bien quand quelqu’un arrive et sort « tu peux écrire mon blaze s’teuplait ça s’rait swag »

Mimo - Géométriquement sympa

Mimo – Géométriquement sympa

- Si vous pouviez réaliser un projet de dingue, quel serait-il ?

Joe Popi : peindre des immeubles en couleur.

Mya : non, ça c’est pas un projet de ouf, ça on va le faire ! faut demander autre chose !

Mimo : faut forcément que ce soit à Rennes ? J’ai jamais vraiment pensé à ça.

Joe Popi : exposer dans les bus et sur les bus de la ville !

Mya : les stations de métro ! et les galeries de métro ! y a des supers murs !

- Le street-art a beaucoup évolué ces vingt dernières années, il y a même des stars du genre comme Banksy ; si vous deviez citer des noms qui vous plaisent actuellement..

Mimo : Selon, un brésilien, Ariz, Blu.. pour ne citer qu’eux.

- Et vous avez une préférence entre les interventions street art ou le graff pur et dur ?

Mya : les interventions, c’est bien quand tu peux les voir directement, et c’est toujours beaucoup plus amusant. Après en photo, la fresque c’est toujours ce qui reste le plus impressionnant.

Merci au Ra Crew pour leur accueil

Rue Saint Michel - 2012

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