Une histoire banale : un drame d’Audrey Estrougo sur la veulerie et les violences ordinaires qui marquent les corps et les esprits.
Quand le temps est maussade, bruineux et sans soleil, autant aller voir un film glauque, pour rester dans le ton. Nathalie (Marie Denarnaud) est infirmière à Paris. Son mari Wilson (Oumar Diaw) travaille à Bruxelles. Ils se voient le week-end. Durant une absence de Wilson, Nathalie se fait agresser par un collègue à lunettes, Damien (Renaud Astegiani). Suite à ce viol, la vie de Nathalie bascule.
Dans ce film, le sujet, on l’aura compris, est les violences faites aux femmes. Imprévisibles, insupportables, celles-là (les violences) sont d’autant plus ignobles qu’elles sont l’œuvre, généralement, de proches. Ce film est donc une sorte de documentaire, entrant dans le genre du cinéma-réalité démonstratif. La difficulté étant, bien sûr, à partir d’un matériau sordide, de faire un beau film… Le sujet est délicat. Ici, dans cette fiction, la démonstration (un peu trop appuyée peut-être) vise à dénoncer des situations odieuses, des mœurs actuelles déplorables, des états d’esprit consternants. Par exemple : on devrait pouvoir porter une jupe courte sans être une pute ; ou marcher dans la rue sans se faire harceler ; ou être comprise quand on dit « non » fermement ; et a minima, être entendue par des personnes compétentes lorsqu’on est amenée à déposer plainte pour viol. Mais les poncifs sont dénoncés de façon si maladroite, si argumentée, si pré-mâchée qu’on en vient à se dire que ce film a justement été tourné pour un public adolescent qu’il s’agirait d’éduquer au décryptage de certaines dérives machistes et sexistes aux conséquences traumatisantes.
Cette séance, unique (au cinéma l’Arvor, le 25 novembre à 18h, avec un public curieusement quasi exclusivement féminin), soutenue par la Ville de Rennes, était suivie d’un débat mené par le CIDFF, le Planning Familial ou SOS-Victimes.
