Drugstore cowboy, de James Fogle : une épopée pharmaceutique décadente et désenchantée.
Robert Hugues aka Bob se came. Et pour se camer, il dévalise les pharmacies. Telle est sa vie. Quand il se fait prendre en flagrant délit, il séjourne en taule. Où il a passé la moitié de sa vie. Le reste du temps, il fomente des plans tarabiscotés pour trouver de quoi remplir ses seringues et celles de son crew (Rick, Nadine et surtout Diane). Bob a accepté son destin, affreux mélange de cambriole et de joyeuse défonce dans des appartements miteux de Portland. Bob est intelligent, charismatique, beau gosse effronté. Il sait ce qu’il fait. Il a choisi. Il ne se laisse pas faire. C’est un dur (au cœur tendre), un brin superstitieux (il ne faut pas poser de chapeau sur un lit ; ne jamais regarder l’envers d’un miroir ni regarder en arrière ; ni s’approcher des chats…). Mais, au bout du compte, peut-être que sa mortifère attirance pour les stupéfiants (qu’il préfère à l’amour qu’il porte à Diane) causera-t-elle sa perte.
Plus on réclamait haut et fort une justice impitoyable, plus on était susceptible d’enfreindre soi-même la loi
Braquages, combines, arrestations, cavales, shoots au Numorphan© (un opioïde puissant) et aux méthamphétamines, drames et péripéties, Drugstore cowboy n’est pas une bluette de tout repos. Encore moins un manuel de savoir-vivre à l’usage des premiers communiants. Sur un rythme accrocheur, James Fogle dépeint un univers qu’il connaît bien, celui d’une certaine Amérique des années 70, déglinguée, iconoclaste, et bigrement romantique ! Revendiquant une ultra liberté farouche, brisant les tabous du juste milieu, préférant toujours au droit chemin linéaire les petites routes hasardeuses en théorie (et au regard de la loi) impraticables, Bob devient un héros aussi paumé que lumineux. Or cette association était tout, sauf évidente.