Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire soit, en suédois, Hundraåringen som klev ut genom fönstret och försvann. Un film tiré d’un best-seller déjà très drôle.
Excellente surprise que cette comédie suédoise ! Ce film tourné en Hongrie et en Thaïlande (et en suède aussi) et qui est censé se passer en Suède, à Bali, en ex-URSS (sous Staline puis sous Gorbatchev), aux États-Unis (sous Roosevelt, Truman puis Reagan), en Espagne sous Franco… est une comédie pétulante, pétillante, mordante, délicieusement amorale, bref, en tout point, enthousiasmante. Malgré le titre à rallonge et l’affiche improbable rose peluche et vieux turquoise, j’y suis allé, a fortiori parce que c’était en VO et que je souhaitais vivement me dépayser en m’offrant une tranche de cinéma nordique. J’ai vu. J’ai quitté la salle conquis, avec un sourire au coin des lèvres. Poésie, humour, inventivité, surréalisme, mise en scène rythmée, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ne manque d’aucune de ces qualités fondamentales qui font si souvent défaut à nos vies quotidiennes (je ne parle pas de la mienne, j’ai une vie passionnante) et aux productions parfois paresseuses sur ces plans-là, qui envahissent les écrans (et je ne parlerai donc pas de Sous les jupes des filles, comédie vaguement ratée et assurément navrante de – et avec – Audrey Dana, qui m’a donné envie de quitter la salle avant la fin, qui ne tient pas les promesses contenues dans le titre – racoleur à souhait – et donne l’impression que chacune des actrices nommées au casting a compté sur les copines pour faire de cette enfilade de sketchs poussifs un mélange détonnant, mais les gags approximatifs et les caricatures convenues qu’elles commettent sont quasi tous plus proches du pétard mouillé que d’autre chose… Même si, évidemment, reconnaissons-le, le générique de fin est réussi puisqu’il propose quelques gags supplémentaires tandis que défilent les noms des techniciens et les logos des partenaires… Audrey Dana, qui a conscience de faire un métier merveilleux et souhaite de toutes ses forces que ça dure encore longtemps, aurait-elle gardé des pléiades de gags sous le coude mais manqué de temps pour les insérer dans le scénario bouclé, bâclé, alors, faute de mieux, comme on tasse une valise pour les vacances d’où débordent des bouts de fringues qui ne veulent pas y trouver place, ils furent casés là – appel astucieux du pied au producteur pour lui signifier que tout est paré pour un Sous les jupes des filles 2 ?).
Bref, revenons à notre Allan Karlsson. La vie de ce nonagénaire est plus que truculente. Son centenaire, qu’il se refuse à fêter dans la décrépitude d’une maison de retraite avec vue sur le cimetière (et au vu de sa vie qui défile à coup de flash-back tragico-hilarants, on comprend mieux ses envies de poudre d’escampette), est l’occasion d’aventures drolatiques et farfelues d’une part et, d’autre part, le prétexte à poser les bases d’une philosophie de l’existence considérée comme un joyeux chaos de coïncidences, de quiproquos rigolos, d’impostures fantaisistes, de mensonges rocambolesques (dans le meilleur des cas) ou un furieux magma de violences déchaînées, de subordinations insensées et d’absurdes fatalités (dans les pires moments). Naître, croître, survivre, vieillir, reste une formidable épopée. Telle est, sans s’appesantir, la leçon à tirer de cette comédie venue des fjords.