Au nom du fils : une charge contre les compromissions de l’Église au son de cloche grand-guignolesque.
Élisabeth de La Baie (épatante Astrid Whettnall), catholique prosélyte qui sévit sur Radio-Espoir-Chrétien, découvre que son mari, décédé lors d’un week-end paramilitaire anti-musulman organisé par Les Croisés de Pie XII, était un facho ; que son fils est homosexuel ; et que son collègue de travail, le père Achille, est sans doute un peu pédophile. Cette avalanche de mises à jour va ébranler sa foi et la faire douter des lumières divines qui jusqu’alors éclairaient son chemin de fervente croyante.
Cette satire des milieux intégristes est donc parfaitement drôle et surprenante (d’ailleurs, oubliez cette chronique sitôt l’avoir lue si vous voulez profiter à plein des effets de surprises contenus dans Au nom du fils). Le cinéma belge (souvenons-nous de La merditude des choses, de Felix Van Groeningen, sorti en 2009) est doué pour tout ce qui concerne l’humour noir, irrévérencieux. Avec une certaine habileté, il aborde là l’hypocrisie du clergé, la crétinerie des dévots, les aspects tendancieux du scoutisme, la fureur des illuminés combattant au nom de Dieu, le sectarisme des catholiques réactionnaires, etc., tout en y ajoutant, pour faire bonne mesure et éviter de tomber dans la caricature uniquement à charge, une bonne pincée de belles pensées issues justement du dogme chrétien (l’écoute, le pardon, la solidarité, l’amour de son prochain, le don de soi… qui sont en effet des valeurs fondamentales, porteuses de sens, qui ont fait leurs preuves et qu’Au nom du fils n’oublie pas de mentionner). Le contraste entre la description du petit milieu ultra-religieux et le trait forcé clairement anticlérical est donc ici saisissant. Et le résultat vraiment amusant. Grenouilles de bénitier s’abstenir.