Promenons-nous dans les bois, de l’Américain Bill Bryson : des chroniques pédestres qui donnent envie de s’enfoncer dans les bois (muni d’une bonne carte et de rations de survie suffisantes au cas où on égarerait ladite carte).
Cet été, je n’ai pas ménagé ma peine. Non content d’avoir découvert la Turquie avec Orhan Pamuk, j’ai arpenté les Appalaches avec Bill Bryson. Avec Katz, un vieil ami ventripotent accro à la nicotine et aux barres chocolatées Snickers, l’auteur de Promenons-nous dans les bois arpente de rudes chemins de randonnée. Ils ont prévu de suivre jusqu’au bout le tracé mythique du sentier des Appalaches qui rallie la Géorgie au Maine en passant par plusieurs États de la côte est des États-Unis. Le tout fait grosso modo trois mille cinq cents kilomètres et oblige à affronter, équipé d’un lourd barda, des dénivelés vertigineux et à traverser de sombres forêts, avec des longues étapes en autonomie entre deux points de ravitaillement.
L’improbable duo se coltine ainsi moult épreuves qui sont autant d’occasions, pour Bill Bryson, de tracer le portrait d’une Amérique profonde aussi consternante que fascinante. La gestion des réserves et des parcs naturels, le tourisme de masse, le goût immodéré des Américains obèses pour les déplacements en voiture, le rapport à la faune sauvage, les risques encourus lorsqu’on s’aventure dans des zones plus ou moins hostiles, les rencontres avec les autres randonneurs aux profils parfois farfelus… autant de thèmes passionnants abordés dans ces carnets de pèlerin à l’humour bien senti et à la persévérance redoutable.
« Katz et moi avons donc aménagé notre petit coin, déroulé nos sacs de couchage, défait nos sacs à dos et enfilé tous les vêtements de rechange que nous pouvions trouver. nous avons préparé notre dîner en position allongée. L’obscurité est tombée rapidement, lourdement, ce qui a donné encore plus de présence aux étendue sauvages du dehors. Jim et Heath avaient du gâteau au chocolat qu’ils ont partagé avec nous, un trésor inestimable, puis nous nous sommes tous les quatre installés sur le bois dur pour une longue nuit froide, bercés par le vent lugubre et les chutes des branches malmenées. » (page 111)
Promenons-nous dans les bois, chroniques pédestres de Bill Bryson (1997), Petite bibliothèque Payot, 2012, traduction de l’américain par Karine Chaunac, carte de Nathalie Cottrel, 360 pages, 9,15 €.