Faut-il dissoudre Gérald Darmanin dans du vinaigre blanc ? : un essai de Sylvia Tesson qui rafraîchira votre intérieur.
Dans ce bref opuscule, l’auteure, docteure en sciences politiques, reprend d’abord les faits marquants de la carrière de Gérald Darmanin. Elle ne s’attarde pas trop sur les études qu’il suit au lycée privé catholique des Francs-Bourgeois à Paris, où le cardinal Philippe Barbarin étudia lui aussi. Plus tard, fidèle comme Gérald Darmanin aux enseignements moisis reçus, le prélat militera contre le mariage pour tous, « parce qu’après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre… Après, un jour peut-être, je ne sais pas quoi, l’interdiction de l’inceste tombera ». Encore plus tard, en 2020, l’homme d’Église sera poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs – et relaxé en seconde instance par la cour d’appel de Lyon. Sylvia Tesson note néanmoins que ce lycée privé offre à G. Darmanin un tremplin qui le catapulte assez naturellement vers une pensée homophobe réactionnaire traditionaliste. Son islamophobie (qui s’exprime notamment en 2012 lorsqu’il s’offusque que des femmes voilées puissent jouer au football puis lorsqu’il obtient la dissolution du CCIF en 2021 et celle de l’association Barakacity en 2022) y trouve aussi là un ancrage solide.
Ses liens avec une certaine élite (de David Douillet – dont la première femme de Gérald Darmanin était l’attachée parlementaire en 2010 et dont lui-même deviendra le chef de cabinet lorsque le corpulent judoka devient Secrétaire d’État chargé des Français de l’étranger – à François Fillon ou Nicolas Sarkozy en passant par Xavier Bertrand, Gilbert Casanova – condamné pour trafic de drogue international – ou Édouard Philippe) ses liens avec une certaine (prétendue) élite (souvent mal embouchée), donc, montrent la puissance du bonhomme, apte à s’entourer d’individus douteux voire mafieux, habitués à vivre sans scrupules aux frais de la princesse Marianne, déconnectés du bien public et de toute forme d’éthique, ou doués en arts martiaux.
Ses cumuls de mandats (maire, conseiller régional des Hauts-de-France, ministre, 28 sièges dans des organismes publics comme privés…) montrent sa soif de pouvoir inextinguible et sa méconnaissance du proverbe « qui trop embrasse mal étreint », tandis que ses affaires avec la justice (accusations de viols, d’abus de confiance, de harcèlement sexuel…) soulignent combien son rapport aux femmes est problématique (et combien en haut-lieu la complaisance est grande vis-à-vis de pareils arrivistes).
« Quand j’entends le mot “violence policière”, moi, personnellement, je m’étouffe », assure @Gdarmanin (juillet 2020) paraphrasant honteusement les derniers mots de George Floyd (1973-2020), d’Adama Traoré (1992-2016) ou de Cédric Chouviat (1977-2020)… Le listing de ses propos fétides (qu’il serait trop long et pénible de reprendre ici), de ses dégueulasseries, de ses clins d’œil adressés à l’extrême-droite, et de ses actes politiques trop souvent marécageux achève ainsi ce portrait de sire malfaisant.
L’auteure conclut que prendre soin des robinetteries passe nécessairement par une lutte appliquée contre le tartre et le calcaire.
Faut-il dissoudre Gérald Darmanin dans du vinaigre blanc ? Essai de Sylvia Tesson, Éditions de la chaux vive, coll. « Remèdes de grand-mère », Paris, 52 p., septembre 2022, 6 €.